Alors que les relations entre Paris et Alger traversent l’une de leurs phases les plus glaciales, le président algérien Abdelmadjid Tebboune surprend en adoptant une posture étonnamment conciliante. Dans une déclaration relayée par la télévision algérienne, Tebboune s’est fendu d’un message quasi-suppliant, affirmant garder comme « unique point de repère » son homologue français Emmanuel Macron, pour tenter de rétablir des ponts rompus depuis plusieurs mois. Un aveu d’impuissance, diront certains, ou une nouvelle manœuvre de repli stratégique d’un régime acculé sur le plan diplomatique.
Ce virage dans le ton, aussi soudain que révélateur, a suscité des sourires ironiques et des interrogations dans les cercles d’observateurs internationaux. Car cette déclaration survient en l’absence totale de signe d’ouverture de la part de l’Élysée. Le message d’Alger ressemble davantage à une main tendue dans le vide, témoignant d’un isolement croissant que l’Algérie ne peut plus se permettre, surtout à l’heure où la diplomatie française se rapproche activement du Maroc.
Le président algérien, qui évoque un « moment d’incompréhension », paraît vouloir relativiser l’ampleur des différends, en les réduisant à de simples malentendus. Pourtant, les tensions sont bien réelles, nourries par des divergences historiques, géopolitiques, et des accusations répétées à l’encontre de la France, qualifiée récemment par Alger de complice de l’extrême droite « revancharde et haineuse ».
Dans ce contexte fragile, Tebboune mise sur son ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, affirmant que le dossier est désormais « entre de bonnes mains ». Une manière de désamorcer la crise sans perdre complètement la face, tout en espérant une réaction de Paris. Mais en réalité, ce geste traduit surtout un déséquilibre : c’est Alger qui fait le premier pas, dans l’espoir d’une réponse de Macron, qui, de son côté, ne montre aucun empressement à rouvrir le dialogue.
Plus étonnant encore, Tebboune tente de rassurer sur le dossier sensible du Sahara, affirmant que l’amitié franco-marocaine « ne dérange pas » l’Algérie. Une déclaration difficile à croire, tant les actions passées d’Alger ont montré l’inverse, notamment en s’opposant à toute visite française dans les provinces du sud marocain, au nom d’une prétendue légalité internationale bafouée.
Ce n’est pas la première fois que le régime algérien tente une sortie diplomatique après un isolement auto-infligé. L’épisode espagnol reste dans les mémoires : après avoir violemment réagi à la reconnaissance par Madrid de la souveraineté marocaine sur le Sahara, Alger s’était retranchée dans une colère stérile, avant de revenir à de meilleurs sentiments, sans avoir rien obtenu en retour. Une attitude qui renforce l’image d’un pouvoir impulsif, mais vite résigné.
Aujourd’hui, Tebboune semble conscient que la rupture avec la France pourrait coûter cher, notamment face à une diaspora algérienne nombreuse et influente sur le sol français, et face au rôle clé de Paris dans les décisions européennes. Reste à savoir si cet appel du pied sera entendu, ou s’il ne fera que renforcer l’image d’un pouvoir algérien qui baisse pavillon sans garantie de réciprocité.