Le hashtag #Manich_Radi, signifiant « Je ne suis pas content » en arabe dialectal algérien, résonne comme un cri du cœur d’une population à bout de souffle. Initié sur les réseaux sociaux, ce mouvement est l’expression d’une exaspération face à des promesses politiques répétées mais jamais réalisées, et à une réalité socio-économique de plus en plus difficile.
Un mal-être qui dépasse les mots
Le chômage massif des jeunes, une inflation incontrôlable, une corruption omniprésente et un système politique enlisé alimentent une frustration grandissante chez les Algériens. Malgré les discours prometteurs du président Abdelmadjid Tebboune depuis son investiture, la situation demeure inchangée. L’absence d’actions concrètes a transformé l’espoir initial en colère palpable.
Contrairement aux soulèvements historiques, #Manich_Radi s’ancre dans une dynamique pacifique et digitale. Sur les réseaux sociaux, les Algériens dénoncent le statu quo et appellent à des réformes profondes. Ce mouvement, bien qu’éparpillé et non structuré, a le mérite de fédérer les voix dissidentes et de transcender les divisions régionales et sociales.
Un analyste avertit que si le régime algérien ne met pas en place des réformes réelles et urgentes, le président Tebboune risque de connaître le même sort que Bachar Al-Assad. « Les discours ne suffisent plus. Les Algériens ont besoin de résultats tangibles. Cette répétition de promesses creuses depuis des années risque de précipiter une fracture irréparable entre le peuple et ses dirigeants. »
Face à la montée du mécontentement, les autorités privilégient une double stratégie : nier la gravité de la situation et accuser des forces étrangères, principalement le Maroc, d’instrumentaliser ce mouvement. Ces tactiques, loin d’apaiser la population, renforcent un sentiment de déconnexion entre le pouvoir et le peuple.
Le hashtag #Manich_Radi symbolise l’urgence d’un dialogue sincère et d’un changement profond. Les Algériens réclament des réformes sociales et économiques concrètes, une lutte contre la corruption et un système politique plus inclusif. L’inaction des dirigeants risque d’aggraver la situation, avec des conséquences imprévisibles sur la stabilité du pays.
Ce cri d’alarme doit être entendu avant qu’il ne se transforme en un grondement incontrôlable.
Par Abdelrhni BENSAID