Le projet de résolution sur le Sahara, rédigé par l’administration Biden, avance dans son processus d’adoption au Conseil de sécurité des Nations Unies. Après avoir été examiné par le « Club des amis du Sahara » — composé de la France, du Royaume-Uni, de la Russie, de l’Espagne et des États-Unis —, le texte a été soumis aux quinze membres du Conseil, qui ont tenu des réunions à huis clos pour faire part de leurs observations.
Opposition de l’Algérie et soutien limité
L’Algérie, membre non permanent du Conseil de sécurité, a proposé d’étendre le mandat de la MINURSO à la surveillance des droits humains. Cette proposition a reçu le soutien du Mozambique, pays reconnaissant la « RASD », mais a été rejetée par les États-Unis et la France, deux acteurs influents du dossier, selon une source marocaine. De son côté, la Russie semble avoir pris ses distances par rapport à cette initiative, en évitant de se positionner en soutien direct à l’Algérie.
Les positions divergentes des États-Unis et de la France, favorables à un statu quo sur le mandat de la MINURSO, marquent un tournant. Le rejet des propositions algériennes par Washington souligne une posture cohérente avec sa position de leadership sur la question du Sahara, ce qui pourrait influencer les votes des autres membres, y compris la Russie, qui a adopté une position d’abstention depuis 2018.
Négociations directes ou tables rondes : la question des modalités de dialogue
Par ailleurs, l’Algérie s’est opposée à toute référence au format des tables rondes, initiées par l’ancien émissaire Horst Köhler. Elle prône des négociations directes entre le Maroc et le Polisario, en excluant les formats quadripartites qui incluent également l’Algérie et la Mauritanie. Cet argument a trouvé un écho auprès du Mozambique et de la Russie, qui appellent à une mention plus large des contributions de tous les anciens envoyés spéciaux de l’ONU, et non seulement de Köhler. En réaction, les États-Unis ont maintenu leur ligne en rejetant ces amendements, privilégiant la continuité des efforts de médiation selon le modèle établi.
Le Maroc cherche le soutien de la Russie
Le Maroc intensifie ses efforts diplomatiques pour obtenir un soutien de la Russie. Des échanges récents entre l’ambassadeur du Maroc à Moscou, Lotfi Bouchaara, et Michael Bogdanov, représentant spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l’Afrique, témoignent de cette mobilisation. Rabat espère convaincre Moscou de dépasser son abstention habituelle et de voter en faveur de la résolution. Un éventuel changement de position de la Russie serait un signal fort d’appui aux relations maroco-russes.
Ce projet de résolution, en cas de validation, pourrait constituer une avancée décisive dans la consolidation des alliances et dans la reconnaissance internationale des positions marocaine et américaine sur le Sahara. Cependant, les divergences au sein du Conseil de sécurité, attisées par l’opposition de l’Algérie et les attentes diplomatiques de la Russie, démontrent la complexité des enjeux géopolitiques autour de cette question.