Le tourisme marocain s’apprête à franchir un cap historique. Début janvier, le Royaume pourra officiellement afficher 20 millions de touristes, un record absolu jamais atteint auparavant. Cette performance consacre le Maroc comme une destination majeure sur la carte mondiale, portée par la stabilité, la diversification de l’offre et une visibilité internationale en hausse. Mais derrière la célébration, une question s’impose : comment transformer l’exploit en dynamique durable et éviter l’essoufflement après l’année record 2025 ?
Car l’après-record est souvent plus difficile que l’ascension. Rester dans le peloton de tête des pays les plus visités suppose une capacité à anticiper : qualité des services, compétitivité, mobilité, sécurité, expérience client, transition écologique. Le Maroc ne peut plus se contenter d’une logique de volume. Il doit entrer dans une nouvelle phase : consolider, monter en gamme et mieux répartir la richesse touristique.
D’où la pertinence d’envisager un nouveau programme sectoriel national : une stratégie “post-2025” plus fine, capable d’allonger la durée de séjour, d’augmenter la dépense moyenne par visiteur et de renforcer les retombées locales. Cela passe aussi par un changement de mentalité : sortir d’une approche classique centrée sur l’hébergement et la promotion, pour intégrer pleinement les nouvelles attentes (digitalisation, durabilité, tourisme culturel, rural et expérientiel).
Autre enjeu majeur : rééquilibrer les flux. Marrakech, Agadir, Fès, Chefchaouen ou Casablanca ne peuvent pas porter seuls la croissance. Désengorger les pôles saturés et développer des destinations alternatives — l’Oriental, le Moyen Atlas, le Sud-Est, les oasis, le littoral atlantique sud, le tourisme de montagne et le rural — permettrait de préserver les sites, d’améliorer l’expérience des visiteurs et de créer de l’emploi dans des régions moins servies.
Enfin, aucune ambition ne tiendra sans le capital humain. Accueil, restauration, transport, guides : la bataille se gagnera par la formation, la revalorisation des métiers et la qualité du service. À ce niveau, l’expérience touristique se joue souvent sur un détail… et sur un sourire.
Un nouveau tourisme marocain doit émerger dans la foulée : plus professionnel, plus équilibré, plus créateur de valeur. Reste la question décisive : quand, avec quels acteurs, et pour quels objectifs ?
Par Salma Semmar










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