Il y a dix ans que je n’ai pas mis les pieds à Khénifra, ma ville natale nichée au cœur du Moyen Atlas. Cette longue absence, due à mon mariage et à ma vie désormais installée à Rabat, m’avait laissé rêver d’un retour ému et surpris par les transformations que l’on pourrait attendre après une décennie. Avec ma petite famille, habituée à visiter d’autres villes marocaines où les changements sont palpables, je me suis rendu compte que Khénifra fait figure d’exception : ici, le temps semble s’être figé.
Une ville à l’arrêt
Alors que les grandes et petites villes du Royaume se métamorphosent, grâce à de nouveaux projets d’aménagement, de modernisation et d’embellissement, Khénifra semble rester en marge. La fontaine centrale, ornée de trois chevaux aux proportions maladroites, demeure inchangée. Toutefois, seule la cascade située devant la préfecture, récemment réaménagée, semble être une réussite. En dehors de cet exemple isolé, aucun projet notable ni transformation urbaine significative ne vient revitaliser cette ville, qui pourtant mériterait bien mieux.
Khénifra, surnommée la capitale du Moyen Atlas, aurait toutes les cartes en main pour devenir une perle régionale. Pourtant, rien ne semble bouger. Cette situation est frustrante, car elle contraste avec la dynamique nationale guidée par la vision stratégique du Maroc à l’horizon 2030.
Un potentiel inexploité
Khénifra est pourtant une région dotée de ressources naturelles exceptionnelles. Les lacs tels qu’Aglmame Aziza, Aglmame Abakhane, Tiglmamine, ou encore les célèbres sources d’Oum Rabii, offrent un cadre unique pour développer un tourisme vert et durable. Ces joyaux naturels, s’ils étaient mis en valeur, pourraient attirer des touristes marocains et étrangers en quête d’authenticité et de nature.
Malheureusement, cette richesse naturelle reste sous-exploitée. Aucun effort structurant ne semble avoir été consenti pour promouvoir le tourisme dans la région. Pire encore, le manque criant d’infrastructures et de services adéquats décourage les initiatives privées.
Un appel à l’action
Outre le tourisme, l’investissement semble également bloqué dans la province. En dix ans, seul un projet notable d’une unité de fabrication de plastique est venu offrir des emplois à une population confrontée à un chômage endémique. Les jeunes de Khénifra, pleins d’ambition, se retrouvent souvent contraints de quitter leur ville pour chercher ailleurs les opportunités qui leur sont refusées ici.
Face à cette situation, un appel est lancé au nouveau gouverneur de la province : il est temps de sortir Khénifra de cette torpeur. Cette ville mérite des projets à la hauteur de son statut de capitale régionale. Elle mérite d’être intégrée pleinement dans la dynamique de développement national.
Suivre l’élan national
Partout au Maroc, les villes s’alignent sur la vision stratégique du pays, transformant leurs paysages urbains et offrant de meilleures conditions de vie à leurs habitants. Pourquoi Khénifra devrait-elle rester en retrait ? Le potentiel existe, les besoins sont pressants, et la population attend des actions concrètes.
Investir dans les infrastructures, encourager les initiatives privées, développer le tourisme écologique et durable, et valoriser le patrimoine naturel et culturel de la région sont autant de pistes qui pourraient redonner à Khénifra sa place dans le concert des villes en plein essor.
Khénifra n’a pas besoin de rester la ville oubliée du Moyen Atlas. Elle a le potentiel d’être un modèle de développement durable et inclusif, et il appartient à ses responsables locaux, mais aussi aux acteurs économiques et aux habitants, de provoquer ce changement. Car, au fond, toutes les villes du Maroc changent… il est grand temps que Khénifra suive le mouvement.
Par S.A.