La séance de vendredi 27 septembre 2024 du procès des accusés dans l’affaire dite « Escobar du Sahara » a apporté son lot de révélations surprenantes concernant cette affaire impliquant des responsables politiques, des hommes d’affaires et des fonctionnaires.
La défense d’Abdennabi Bioui, président du Conseil régional de l’Oriental, et de Saïd Naciri, ancien président du club de football Wydad, s’est concentrée sur la gravité des déclarations de l’accusé principal, surnommé « Escobar du Sahara ». Ce dernier est accusé d’avoir orchestré le trafic de grandes quantités d’or, soulevant ainsi de nombreuses interrogations sur les complicités qui auraient permis de telles opérations sans être détectées.
Maître Moubarak Meskini, avocat de la défense, a insisté sur la nécessité de mener une enquête exhaustive sur ces allégations. Il s’est questionné sur la manière dont « Escobar du Sahara » a pu réaliser le trafic de telles quantités d’or, sans jamais être inquiété par les autorités. Il a également demandé un examen approfondi des déclarations de l’accusé malien, Ben Brahim, faites devant le tribunal. Ces déclarations comportent des accusations graves à l’encontre de membres des forces armées marocaines, remettant en cause la sécurité nationale. Le procureur général a d’ailleurs ordonné un examen minutieux de ces affirmations pour en vérifier la véracité.
Un autre élément marquant de cette audience a été la demande de Maître Meskini, représentant Saïd Naciri, d’apporter les documents de mariage et de divorce entre la chanteuse Latifa Raâfat et « Escobar du Sahara ». L’avocat a souligné l’importance de ces documents, affirmant qu’il existe des contradictions dans les déclarations. Selon les dires de l’accusation, le mariage aurait eu lieu le 17 décembre 2013, alors que les documents du dossier montrent que leur première rencontre aurait eu lieu le 27 décembre 2013, soit dix jours après la date supposée du mariage. Cette incohérence pourrait jeter le doute sur la véracité des témoignages et la chronologie des faits, et pourrait s’avérer cruciale pour la défense.
Dans ce contexte, l’avocat Mohamed Krouch, représentant Abdennabi Bioui, a sollicité plusieurs actions juridiques afin de faire éclater la vérité et d’innocenter son client. Il a notamment demandé la convocation de nouveaux témoins, dont Ben Brahim, et d’un certain « Abdelwahid. G » mentionné à plusieurs reprises dans les procès-verbaux de la police judiciaire. Selon lui, les déclarations de ce témoin pourraient être déterminantes pour l’issue du procès.
La défense a également requis que tous les témoins de l’affaire soient à nouveau entendus, soulignant que leurs témoignages contiennent de nombreuses contradictions. Les avocats ont demandé que soient présentées les plaintes déposées par le plaignant malien, Haj Ahmed Ben Brahim, ainsi que deux CD contenant des enregistrements téléphoniques liés à l’affaire.
Ces nouveaux éléments ajoutent une dimension supplémentaire à une affaire déjà complexe, et laissent présager un prolongement des débats. La défense semble déterminée à explorer toutes les pistes pour disculper ses clients, tandis que l’accusation s’efforce de prouver l’implication des personnes mises en cause. Le procès promet ainsi de connaître encore de nombreux rebondissements avant d’aboutir à un verdict définitif.
La Chambre criminelle de première instance de la Cour d’appel de Casablanca a décidé de reporter l’examen de l’affaire au vendredi prochain.