Un nouveau chapitre s’ouvre dans le contentieux opposant l’Office des Changes et la Compagnie Minière de Touissit (CMT), dirigée par l’homme d’affaires congolais Luc Gérard Nyafé. Ce litige, initié en 2020 après le contrôle opéré par l’Office des Changes, prend une tournure plus complexe avec des accusations d’infractions financières s’élevant à un montant considérable de 376 157 000 dirhams. Dorénavant, la CMT doit obtenir l’autorisation préalable de l’Office des Changes, sous la direction de Hassan Boulaknadal, pour tout transfert de fonds à l’étranger. Cette décision a été communiquée aux banques marocaines via le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM).
Contrairement aux autres sociétés minières au Maroc, qui bénéficient d’une marge de manœuvre pour des transferts jusqu’à 20 millions de dollars par an sans justification auprès de l’Office des Changes, la CMT se voit désormais soumise à des restrictions. Cette mesure découle des soupçons pesant sur l’entreprise concernant des transferts financiers non rapatriés vers les États-Unis, notamment vers le compte de sa filiale internationale, Touissit International Corp (TIC), enregistrée auprès de la banque JP Morgan.
Malgré les déclarations de la CMT indiquant que seule une opération a été identifiée comme potentiellement irrégulière après enquête du Procureur du Roi, l’Office des Changes maintient sa vigilance. L’attention se porte notamment sur deux transactions postérieures à l’acquisition de la CMT par Luc Gérard Nyafé et sa société Auplata Mining Group (AMG). Ces transactions impliquent des montants considérables versés aux États-Unis sur le compte de TIC, soulevant des interrogations sur leur utilisation. Le délai de rapatriement des fonds, fixé à 150 jours, aurait été dépassé, alimentant les suspicions.
L’Office des Changes cherche à déterminer si ces fonds auraient été investis dans l’acquisition du groupe aurifère canadien Banro Corporation en République Démocratique du Congo (RDC). Une telle opération aurait nécessité l’approbation préalable de l’Office des Changes, ce qui n’aurait pas été le cas selon les informations disponibles. Dans ce litige, Luc Gérard Nyafé et son groupe bénéficient de la représentation juridique du cabinet Bassamat & Laraqui.
Le parcours de Luc Gérard Nyafé dans le secteur minier témoigne de ses ambitions et de son influence croissante. À travers son consortium Oriental Jinzi, il a acquis les actifs miniers du groupe canadien Banro en RDC en mars 2023. Au Maroc, son acquisition de parts dans la CMT via AMG a consolidé son emprise sur le secteur. Cette opération a également entraîné un changement dans la gouvernance de la CMT, avec Luc Gérard Nyafé assumant le rôle de PDG.
La rentabilité de la CMT, soulignée par une croissance significative des dividendes et du chiffre d’affaires, fait de cette acquisition une affaire lucrative pour Luc Gérard Nyafé. Avec le Maroc en tant que premier producteur d’argent en Afrique, la CMT détient une position stratégique dans un marché en expansion.
Le litige actuel entre l’Office des Changes et la CMT souligne les défis auxquels sont confrontées les entreprises dans un contexte de régulation financière stricte. Pour Luc Gérard Nyafé et son groupe, la résolution de ce contentieux sera cruciale pour l’avenir de leurs investissements dans le secteur minier au Maroc et en Afrique.