Pendant des décennies, la relation entre les États-Unis et l’Europe a constitué un pilier de la stabilité mondiale. L’alliance transatlantique, forgée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, s’est renforcée au fil du temps à travers l’OTAN, des accords commerciaux et une coopération politique étroite. Mais l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et la montée en influence de figures comme son vice-président JD Vance ont profondément bouleversé cet équilibre.
Trump, dès son premier mandat, a ouvertement critiqué les alliés européens, les accusant de sous-financer leur défense tout en profitant du parapluie sécuritaire américain. Son second mandat marque un durcissement : son administration dénonce l’Europe non seulement comme un partenaire ingrat, mais aussi comme un bastion idéologique du libéralisme honni par les partisans de « Make America Great Again ». Selon la chercheuse Majda Ruge, cette hostilité est moins liée aux chiffres qu’à une guerre culturelle contre des valeurs européennes telles que la diversité, les politiques de genre, ou encore l’immigration.
JD Vance incarne cette ligne dure. Lors de la Conférence de Munich, ses propos ont choqué en minimisant les menaces extérieures au profit de critiques contre les sociétés européennes elles-mêmes. Pis encore, une fuite sur l’application Signal a révélé son opposition à des frappes contre les rebelles Houthis, au prétexte que cela bénéficierait surtout à l’Europe, qu’il ne souhaitait plus « renflouer ».
Pourtant, les réalités géopolitiques et économiques nuancent ce discours. Les bases militaires américaines en Europe – notamment en Allemagne et en Pologne – servent aussi les intérêts stratégiques des États-Unis. Le retrait de ces troupes coûterait plus cher que leur maintien. Par ailleurs, la majorité des aides militaires américaines injectées en Europe, notamment en Ukraine, alimentent avant tout l’industrie de défense américaine.
Malgré les tensions, les liens économiques restent solides : les échanges commerciaux entre les deux blocs ont dépassé 1.400 milliards de dollars en 2023. Mais la rhétorique anti-européenne de Trump affaiblit la confiance, au point de menacer une alliance autrefois considérée comme indéfectible.
L’Europe, consciente de ce changement d’attitude durable, accélère désormais ses efforts pour une autonomie stratégique – à la fois militaire, diplomatique et industrielle.
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