Sans véritables contre-pouvoirs face à Donald Trump, les États-Unis sont-ils menacés par une dérive « illibérale » ?
Onde de choc !
Trump tout-puissant peut-il maximiser son pouvoir ? (Première partie)
Le show de l’investiture de Donald Trump et l’onde de choc qui a suivi, provoquant stupeur en Europe, inquiétude dans le monde et sidération dans le camp des démocrates, est-ce une révolution ou le début d’une dérive « illibérale » ?
Après une investiture sous très haute tension, avec service religieux et des allures de congrès de l’extrême droite internationale, le fil rouge est la remise en cause de la démocratie. Alors, pourquoi historiens et politologues sont-ils de plus en plus nombreux à qualifier Donald Trump de « fasciste » ?
Avec les pleins pouvoirs du président élu, l’Amérique se retrouve dans une situation que, paradoxalement, les Pères fondateurs de la démocratie américaine avaient tout fait pour éviter grâce au système des grands collèges électoraux.
Pourtant, la révolution a bien eu lieu : en se débarrassant de la « peste » des élites de Washington, les Américains se sont-ils jetés dans les bras du « choléra » des milliardaires qui sont désormais au pouvoir ?
L’onde de choc s’étend avec le Mexique et la Colombie, qui refusent l’atterrissage d’avions militaires américains rapatriant des centaines d’immigrés, tandis qu’Elon Musk évoque l’idée de rebaptiser la Manche en « Canal George Washington ».
Cette onde de choc inclut également la volonté affichée d’annexer le Canada, le Groenland et le canal de Panama, ainsi que l’ambition de « nettoyer » la bande de Gaza en annexant la Cisjordanie et en déplaçant les Palestiniens vers la Jordanie et l’Égypte.
Les quinze mois de génocide dans la bande de Gaza, avec une impunité garantie par la Maison Blanche pour des criminels de guerre condamnés par la CPI, n’étaient vraisemblablement qu’un préambule annonçant ce qui pourrait s’abattre sur d’autres pays.
Trump ambitionne de « nettoyer » la bande de Gaza en expulsant les Palestiniens vers la Jordanie et l’Égypte. Après le génocide, viendraient le nettoyage ethnique et les déportations forcées.
Un pas supplémentaire semble être franchi, Donald Trump et Elon Musk semblant faire basculer la planète dans une ère sans normes diplomatiques et encore moins de règles dictées par le droit international.
Cependant, la lune de miel entre Trump et Musk peut-elle tourner court ? Un premier accroc est apparu lorsque Musk a vivement critiqué le plan Stargate, annoncé par Trump pour soutenir l’intelligence artificielle.
Ce premier incident illustre la bataille d’influence entre milliardaires autour de Donald Trump.
Depuis sa victoire en novembre, de nombreux observateurs avertissent que Trump pourrait instrumentaliser la justice, persécuter les médias et transformer les États-Unis en une démocratie illibérale.
Depuis son investiture le 20 janvier, Trump détient presque tous les leviers du pouvoir à Washington : un Sénat et une Chambre des représentants aux mains des républicains, une Cour suprême à majorité conservatrice, et une légitimité démocratique solide.
En contrôlant l’ensemble du Congrès, Trump peut en principe faire adopter son programme. La majorité du Grand Old Party semble suivre sa ligne « Make America Great Again ».
Alors que Trump promet de transformer les équilibres institutionnels aux États-Unis, la faiblesse des contre-pouvoirs ouvre la voie à une dérive « illibérale », notamment par l’instrumentalisation de la justice et un État fédéral docile.
Les premières nominations vont dans le sens des extrêmes, comme celle de Matt Gaetz, accusé de devenir le bras armé de Trump pour lancer une chasse aux sorcières contre les opposants.
Sur le plan judiciaire, Trump entend maximiser son pouvoir en renforçant l’alignement idéologique de la Cour suprême, déjà majoritairement conservatrice.
Avec un plan nommé « Project 2025″, rédigé par la Heritage Foundation, Trump prévoit de nommer les fonctionnaires selon leur idéologie, démanteler l’ »État profond » et maximiser son pouvoir en limitant les résistances bureaucratiques.
Enfin, les craintes liées à une tentative de forcer un troisième mandat, même contre la Constitution, soulèvent des interrogations sur la pérennité démocratique des États-Unis sous l’influence du courant trumpiste.
Hafid Fassi Fihri