Le ministère de la Justice tunisien a annoncé ce dimanche avoir ordonné au parquet d’ouvrir une enquête judiciaire visant les individus publiant des contenus jugés contraires aux valeurs morales sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok et Instagram. Cette décision, publiée dans un communiqué, souligne l’intention des autorités de lutter contre les publications qui s’opposent aux valeurs et aux mœurs publiques.
Le ministère a précisé que des actions judiciaires seront menées contre ceux qui produisent, diffusent ou partagent des données ou vidéos contenant des contenus offensants. Ce tournant intervient après la prolifération de certaines pratiques sur les réseaux sociaux, où certains utilisateurs postent des contenus jugés « contraires aux bonnes mœurs », en utilisant des mots, des gestes ou des situations perçus comme offensants pour les valeurs de la société tunisienne.
Cette décision a suscité des réactions partagées parmi les Tunisiens. Certains internautes saluent cette initiative, espérant qu’elle dissuadera la publication de contenus inappropriés, tout en soutenant l’idée d’un bannissement total de TikTok en Tunisie. D’autres, en revanche, s’inquiètent des possibles restrictions à la liberté d’expression, estimant que la mesure pourrait être interprétée comme une forme de censure.
Selon une étude publiée en février par la société privée MediaNet, les réseaux sociaux continuent de croître en popularité en Tunisie. En tête des plateformes se trouve Facebook, avec environ 7,7 millions d’utilisateurs, suivi de TikTok qui compte 5,3 millions d’utilisateurs, et Instagram avec 3,5 millions. Cette expansion rapide des réseaux sociaux souligne l’importance de réguler les contenus pour certains, tandis que d’autres craignent que cette intervention affecte la liberté d’expression.
En définitive, ce débat met en lumière une stratégie du pouvoir actuel qui, sous couvert de préserver les valeurs traditionnelles, semble vouloir instaurer un climat de crainte et de contrôle au sein de la population. En renforçant la surveillance des réseaux sociaux et en imposant des restrictions sur les contenus, le gouvernement pourrait utiliser ces mesures pour intimider les citoyens et limiter leur liberté d’expression. Derrière la défense des mœurs publiques, certains perçoivent une tentative de contenir les voix dissidentes et de dissuader toute forme de critique, créant ainsi une atmosphère où l’autocensure devient une réponse à la peur.