Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire a récemment prononcé la révocation d’un magistrat exerçant dans un tribunal de première instance, suite à sa condamnation pour corruption. Le juge en question avait été pris en flagrant délit alors qu’il recevait un pot-de-vin de 500 dirhams en échange de la restitution d’un permis de conduire.
Un magistrat pris en flagrant délit de corruption
Les faits remontent à mars 2021. Alors vice-président d’un tribunal de première instance, le magistrat avait arrêté un automobiliste et confisqué son permis de conduire pour des infractions présumées au Code de la route. Mais au lieu de suivre la procédure légale, le juge aurait exigé une somme de 500 dirhams pour restituer le document au conducteur.
Se sentant victime d’une injustice, ce dernier a rapidement alerté les autorités. La police judiciaire a alors mis en place un dispositif pour confondre le magistrat. Pris sur le fait en train de percevoir l’argent exigé, il a été immédiatement interpellé et présenté devant le juge d’instruction, qui a ordonné l’ouverture d’une enquête.
Un jugement confirmé par la Cour de cassation
Lors de son audition, le magistrat a tenté de justifier son acte en affirmant que la somme d’argent demandée servait à couvrir des dommages que son propre véhicule aurait subis lors d’un accident avec l’automobiliste concerné. Une explication qui n’a convaincu ni les enquêteurs ni la justice, faute de preuves attestant d’un quelconque accident.
En février 2022, le tribunal de première instance l’a reconnu coupable d’escroquerie et l’a condamné à un an de prison avec sursis, assorti d’une amende de 2 000 dirhams. Un verdict qui sera confirmé ultérieurement par la Cour de cassation.
Une révocation pour préserver l’intégrité de la magistrature
Au-delà de la condamnation pénale, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire s’est également saisi du dossier pour statuer sur les conséquences disciplinaires de cette affaire. Se basant sur les articles 37 et 40 du statut général de la magistrature, le Conseil a décidé de révoquer le juge pour « manquement grave à ses obligations professionnelles » et pour avoir porté atteinte à « l’honneur et à la dignité » de la magistrature.
Dans sa décision, le Conseil a souligné que « les principes d’éthique et de dignité judiciaire doivent être respectés tant dans la vie professionnelle que personnelle d’un magistrat ». Il a également insisté sur les répercussions d’un tel comportement, qui « nuit à l’ensemble du corps judiciaire et risque d’éroder la confiance des citoyens dans l’institution judiciaire, censée garantir leurs droits et libertés ».
Un message fort contre la corruption
Cette révocation s’inscrit dans une démarche de moralisation et de lutte contre la corruption au sein du système judiciaire marocain. Le Conseil a réaffirmé sa volonté de « consolider les principes de transparence et d’intégrité », rappelant que la justice doit être irréprochable pour préserver son prestige et assurer la sécurité juridique des citoyens.
Cette affaire illustre ainsi la fermeté des autorités judiciaires face aux comportements déviants et constitue un avertissement pour tous ceux qui seraient tentés de détourner leur mission au profit d’intérêts personnels.
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