Le tribunal de première instance de Casablanca a entamé ce mardi l’examen d’une affaire aux ramifications inquiétantes, impliquant 37 gendarmes de Béni Mellal et de régions voisines, poursuivis pour complicité avec un important trafiquant de drogue. Ce procès, qui met en lumière un réseau de corruption au sein des forces de l’ordre, s’annonce comme l’un des plus retentissants de ces dernières années.
Les faits reprochés aux gendarmes sont d’une gravité extrême : ils sont accusés d’avoir fermé les yeux sur les activités illégales d’un baron de la drogue recherché à l’échelle nationale, facilitant ainsi son commerce illicite en échange de pots-de-vin. Malgré les dizaines de mandats d’arrêt à son encontre, ce criminel a pu opérer librement jusqu’à son arrestation, sur ordre direct du procureur général du Roi.
L’enquête a révélé un système de corruption bien organisé, dans lequel certains gendarmes auraient reçu des sommes d’argent directement du trafiquant, tandis que d’autres bénéficiaient d’intermédiaires pour dissimuler leurs transactions illégales.
L’audience de ce mardi a permis d’entendre les premières déclarations des accusés devant la chambre chargée des crimes financiers. La défense a tenté de contester certaines pièces du dossier en demandant une expertise sur les enregistrements téléphoniques figurant parmi les preuves retenues. Cependant, le tribunal a rejeté cette requête, rappelant que les transcriptions des conversations faisaient partie intégrante du dossier d’accusation.
Le procès reprendra le mardi 11 février prochain, avec la poursuite des auditions. L’issue de cette affaire est particulièrement attendue, car elle met en lumière l’ampleur des complicités au sein de l’appareil sécuritaire et pose la question de la rigueur dans la lutte contre la corruption au sein des forces de l’ordre.
Lors de son interrogatoire, le principal suspect a reconnu sans détour avoir soudoyé certains gendarmes, leur versant des pots-de-vin en échange de leur complaisance. Il a toutefois précisé qu’il ne connaissait pas tous les accusés, car il avait parfois recours à des intermédiaires pour transmettre l’argent. Ces déclarations risquent de fragiliser la ligne de défense de certains prévenus et de compliquer davantage leur situation judiciaire.
Cette affaire met en exergue une problématique plus large : la nécessité d’un renforcement des mécanismes de contrôle et de transparence au sein des forces de l’ordre. Si ces accusations sont avérées, elles confirmeraient l’existence de réseaux d’influence et de corruption qui sapent la crédibilité des institutions sécuritaires et nuisent à la lutte contre le crime organisé.
L’issue du procès sera déterminante pour restaurer la confiance dans l’intégrité des forces de sécurité et poser un signal fort en faveur d’une politique de tolérance zéro contre la corruption.
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