Une double affaire judiciaire de viol et de diffamation présumés oppose depuis 2019, devant la justice fédérale civile de Manhattan, Mme Carroll, 78 ans, à M. Trump, 76 ans, lesquels ont tous deux produit en octobre leurs dépositions sous serment devant un juge new-yorkais.
Dans la procédure en diffamation, E. Jean Carroll, autrice et ancienne chroniqueuse du magazine Elle, avait attaqué Donald Trump au civil en novembre 2019. Elle l’accusait de l’avoir diffamée pour avoir qualifié de « mensonge complet », en juin 2019, ses allégations de viol dans une cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais en 1995 ou 1996. Le président républicain alors en exercice (2017-2021) avait répondu ne l’avoir jamais rencontrée et qu’elle n’était « pas son genre de femme ». Ses avocats ont de plus toujours affirmé qu’il était protégé en 2019 par son immunité de chef d’État.
Quant aux accusations de viol, Mme Carroll n’avait pas pu déposer plainte en bonne et due forme en 2019 puisque les faits allégués étaient prescrits.
Or ce 24 novembre est entrée en vigueur une nouvelle loi de l’État de New York (« Adult Survivors Act ») permettant, pendant un an, aux victimes d’agressions sexuelles de réactiver leurs éventuelles anciennes plaintes et réclamer un procès au civil.
Le cabinet d’avocats de Mme Carroll, Kaplan Hecker and Fink, et la justice fédérale de Manhattan ont donc rendu publics jeudi plusieurs documents judiciaires accusant notamment M. Trump de « viol » et demandant un procès au civil en 2023 afin d’obtenir des dommages et intérêts.
Dans l’introduction de la plainte aujourd’hui recevable et qui relate tous les faits, Donald Trump y est accusé « il y a environ 27 ans (…) dans le grand magasin de luxe Bergdorf Goodman sur la Cinquième Avenue à New York (de) s’être saisi de E. Jean Carroll, de l’avoir plaquée et coincée contre la paroi d’une cabine d’essayage avec son épaule et de l’avoir violée ».
La plaignante s’était tue pendant plus de 20 ans avant de raconter son histoire dans un livre à la fin des années 2019 à la faveur du mouvement #MeToo lancé en 2017 contre les violences faites aux femmes.
« Si je respecte et admire les gens qui prennent la parole, ce cas constitue malheureusement un détournement de l’objectif de la loi qui crée un grave précédent et risque de délégitimer la parole de victimes véritables » a réagi jeudi auprès de l’AFP Alina Habba, avocate de M. Trump dans le dossier.
En octobre dernier, l’ancien président avait qualifié ces accusations de « canular et de mensonge ».