Avec ce vote de confiance à l’Assemblée nationale, quasi perdu d’avance pour François Bayrou selon les spéculations et les pronostics des spécialistes, tous les regards se tournent désormais vers le président français.
Avis de tempête sur la République française. Sauf coup de théâtre, ou miracle de dernière minute, le gouvernement de François Bayrou n’obtiendra pas la confiance des députés le 8 septembre.
Il revient alors à Emmanuel Macron de trancher entre trois options : nommer un nouveau Premier ministre, dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale ou démissionner, ce qui acterait son échec à obtenir une majorité parlementaire depuis sa réélection en 2022.
Ce dernier a bien souligné qu’il irait au bout de son mandat, n’en déplaise à ses détracteurs qui appellent à sa démission. Ainsi, si la chute annoncée de François Bayrou se confirme, Emmanuel Macron se retrouvera au risque d’un mandat déstabilisé.
Bien qu’il ait repoussé le scénario d’une dissolution – qu’une partie de son camp juge inéluctable – et celui de sa démission, la pression des oppositions, le spectre d’un mouvement social d’ampleur et le vote du budget avant le 31 décembre obligent Emmanuel Macron à agir vite.
Virage à gauche !?
Mis sous pression par LFI et le RN qui veulent précipiter son départ, le président français pourrait choisir de changer de Premier ministre pour garder la main.
L’Élysée scrutant avec attention les déclarations d’Olivier Faure, Macron n’exclut pas de nommer un socialiste à Matignon, estimant que le PS est la clé qui pourrait désamorcer la crise. Ceci voudrait dire que les macronistes préparaient l’après-Bayrou depuis un moment et auraient envisagé une coalition entre la gauche sans la France insoumise, le centre et la droite !
Quant au RN qui n’a rien pu négocier, il exige une dissolution ultra-rapide, histoire de s’offrir un nouveau succès aux élections avant 2027.
Une gauche raisonnable et une droite responsable selon Macron
La pression était montée d’un cran pour que soient convoquées des élections anticipées. Une option balayée – pour l’instant – par Emmanuel Macron, persuadé qu’une troisième tentative de coalition peut emporter l’adhésion du Parti socialiste.
La première secrétaire déléguée du Parti socialiste avait réaffirmé que la gauche et les écologistes voulaient gouverner. En cas de refus d’Emmanuel Macron, tout gouvernement de continuité s’exposerait à « un risque de censure », prévient-elle : « Gouverner maintenant pour préparer une victoire pleine et entière en 2027. »
En attendant le départ de Bayrou, la gauche se cherche toutefois encore une unité, car il est flagrant que le PS veut incarner une gauche raisonnable, privilégiant son appétit de pouvoir au nom de la responsabilité, son envie d’y aller tout seul, au détriment du front populaire de la gauche qui aurait plus de chances aux prochaines élections !
Le départ annoncé de Bayrou porterait à quatre le nombre de Premiers ministres qui se seront succédé à Matignon depuis 2022 – un record sous la Ve République. Une République où le président dispose toujours de ressorts pour agir, en dépit du résultat des urnes et de l’absence de majorité présidentielle.
Le constat est amer pour Emmanuel Macron, qui peine à conjurer cette précarité qui frappe de plein fouet le pouvoir exécutif. Toutes les combinaisons gouvernementales essayées jusqu’ici par le locataire de l’Élysée se sont fracassées sur l’absence de majorité et de réformes substantielles.
Qui sème le vent récolte la tempête
Emmanuel Macron aurait voulu faire voler en éclats le camp présidentiel et le front républicain qu’il n’aurait pas agi autrement. Mais Macron a réussi à fissurer le nouveau front populaire de gauche et il trouve toujours le moyen de mobiliser un front républicain à chaque fois qu’il s’agit de barrer la route au RN !
Et la politique de Macron est marquée par des coups de poker et des paris risqués qui lui ont permis de mettre les Français les uns contre les autres, stigmatisant les extrêmes jusqu’à en faire des groupes politiques inconciliables, tout en jouant à l’acrobate avec les appétits des uns et les ambitions des autres !
Au même moment, en méprisant les revendications sociales, dont celles des Gilets jaunes, et en ignorant les attentes des Français sur des dossiers tels que la réforme des retraites, la sécurité sociale, il a épargné les plus riches qui se sont davantage enrichis durant les deux mandats de Macron, pendant que la France s’enlisait dans le surendettement et sombrait vers une faillite inévitable.
Il y a des aveux de faillite politique de la Ve République et les signes d’un naufrage économique qui pourrait s’avérer retentissant. Le prix à payer pour les Français risque d’être très élevé.
Qui sème le vent récolte la tempête ; la France y est en plein dedans et pour longtemps !
(Première partie)
… À suivre
Par Hafid Fassi Fihri