Nous avons vécu une semaine décidément très bouillonnante au Maroc, comme un peu partout dans ce monde qui semble avoir perdu la raison…
Et pourtant, elle tourne !
Une semaine autour de la planète : Ni Gaza, ni Taza !
Semaine très animée à l’ONU, avec une Assemblée générale qui fera date, marquée par la reconnaissance de l’État de Palestine par la France, le Royaume-Uni et le Portugal, bien que ces pays, comme d’autres, ne fassent rien pour sanctionner Israël pour génocide et encore moins pour mettre en œuvre les mandats d’arrêt internationaux émis par la CPI contre Netanyahou.
Le plus ironique est que, pour détourner les regards du fait que Washington et Tel-Aviv étaient bien isolés à New York, Donald Trump a sorti et proposé aux pays arabes un rocambolesque plan de paix qui a très peu de chances d’aboutir. Sinon, comment expliquer ce revirement de la Maison-Blanche, qui avait d’autres projets pour la bande de Gaza ?
Trump a ainsi voulu éviter qu’un front mondial uni contre Israël et la Maison-Blanche puisse naître, et il a pris l’initiative d’écarter certains pays arabes, en plus du Pakistan et de l’Indonésie, en leur proposant un hypothétique accord.
Et le voilà qui promet qu’il ne laissera pas Israël annexer totalement la Cisjordanie, comme s’il avait les moyens de tenir cette promesse, c’est-à-dire d’imposer sa volonté à l’extrême droite israélienne, qui souhaite également un contrôle total de la bande de Gaza.
Donald Trump a certainement perdu la face et ne voulait pas avoir le profil bas devant les dirigeants du monde entier ; mais il a oublié que les États-Unis doivent des milliards de dollars à l’ONU, et que ce Netanyahou, venu menacer l’Occident à la tribune de New York, est un criminel de guerre avec un mandat d’arrêt international sur la tête.
En cow-boy puissant et imprévisible — donc dangereux —, donneur de leçons, mais pas de droit international (seulement de la force), Donald Trump a certainement fait comprendre à Netanyahou, meurtrier à la gâchette trop facile, que l’Amérique, qui fournit armes et munitions pour le génocide, a absolument besoin d’avoir dans la poche les milliards de dollars des pays du Golfe.
Et tant que le Qatar, les Émirats et l’Arabie saoudite, sans oublier le Koweït, accepteront de se faire racketter par la Maison-Blanche, il est très peu probable qu’un jour nouveau puisse se lever sur la région.
Conclusion : pour le bien de tous, il faut espérer que la Maison-Blanche a bien compris que, si elle ne met pas Netanyahou — qui affirme soutenir le plan de Trump — hors d’état de nuire, elle risque de payer très cher cette guerre infernale et horrible, menée par le Premier ministre israélien juste pour rester au pouvoir et échapper à la justice.
Au suivant
Sarkozy rattrapé par Kadhafi
La condamnation de l’ancien président français Nicolas Sarkozy a suscité des réactions controversées et une levée de boucliers hilarante chez la classe politique française.
Cette dernière dénonce une « république des juges » qui aurait des comptes à régler avec les politiques et une justice qui outrepasse l’État de droit, alors qu’il n’est pas certain que l’ancien président ira en prison — et, si oui, qu’il y restera longtemps.
Des politiques avaient oublié que, depuis des années, ils traitaient cette justice de trop laxiste et qu’aujourd’hui ils ne veulent pas être des justiciables comme tous les autres.
À force de jouer au Monopoly avec la vie des peuples, Nicolas Sarkozy aura ainsi droit à une fin de cavale à la case prison. Les magistrats ont même reçu des menaces de mort, ce qui montre le tournant que vit la France, avec une perte de repères et de valeurs.
Les Français, qui risquent de terminer l’année sans gouvernement et sans budget, veulent-ils également devenir un pays sans justice ? Au suivant…
Des drones dans le ciel européen ?
Après les cyberattaques qui ont mis à l’arrêt certains aéroports européens et auraient même réussi à brouiller les GPS d’avions transportant des personnalités, le ciel européen a été la cible d’une vague d’attaques de drones en Estonie, en Pologne et au Danemark. Les Européens — France et Allemagne en tête — ont très vite sauté sur l’occasion pour accuser Moscou.
Il est pourtant très facile aujourd’hui de déterminer l’origine d’un drone, surtout lorsqu’on prétend qu’ils viennent de Russie malgré la très longue distance. Si ce sont des Ukrainiens qui ont saboté le gazoduc Nord Stream 2 pour en faire porter la responsabilité aux Russes, on se dit qu’il est permis d’avoir des doutes.
Surtout lorsque la France semble avoir hâte d’en découdre avec l’armée russe, même si l’OTAN fait tout, pour le moment, pour éviter un affrontement direct. Au suivant
Ni Gaza, ni Taza !
Fin de semaine très mouvementée au Maroc, avec des manifestations de GenZ212.
Là aussi, une fois de plus, en gardant le silence, le gouvernement Akhannouch a perdu une grosse occasion de marquer les esprits en tentant de rectifier le tir et de remédier aux erreurs passées. Mais non, l’exécutif a préféré passer un week-end tranquille et laisser les forces de l’ordre gérer les manifestations.
En effet, le message adressé à ces jeunes est que leurs revendications seront ignorées.
Exit les tentatives de récupération ou d’instrumentalisation : certains partis politiques, syndicats et autres composantes de la société civile ont carrément brillé par leur absence et leur silence.
Après « Taza avant Gaza », aujourd’hui il est question de « Ni Taza ni Gaza », alors qu’il est permis d’avoir cette ambition de justice en même temps pour Gaza et pour Taza !
Et cette revendication est légitime pour toutes les villes souffrant de disparités et pour toutes les catégories sociales victimes d’exclusion, voire de marginalisation, dans la précarité.
Les jeunes, aujourd’hui, c’est la moitié du Maroc — et demain encore plus —, et si cette bombe démographique à retardement n’est pas négociée avec intelligence, le fossé pourrait s’approfondir et la fracture s’accentuer.
Bon sang, ce gisement de jeunesse est une richesse inestimable, un capital incroyable, avec une énergie et des ressources immenses, et l’on en est encore à tergiverser, alors qu’il faut absolument exploiter cette richesse en la valorisant. Honnêtement, nul ne peut mépriser éternellement les aspirations et les revendications de cette génération ; il ne serait pas raisonnable de ne compter que sur la répression pour faire taire les manifestants.
Une autre voie est possible, et il y a un chemin à trouver.
Au lieu de spéculer sur l’hypothèse d’une « main de l’étranger », mobilisons la main de l’intérieur — voire toutes les mains de bonne volonté — pour une association de bienfaiteurs, dans l’intérêt des jeunes et du pays.
Au suivant… Et à la semaine prochaine, si vous le voulez bien.
Hafid Fassi Fihri