Le Parlement européen s’apprête à adopter ce mardi une loi marquante pour l’environnement, visant à réduire les déchets alimentaires et à encadrer l’industrie textile, en particulier la fast fashion. L’objectif affiché : réduire de 30% les déchets alimentaires d’ici 2030 dans la distribution, la restauration et les ménages, et de 10% dans la transformation et la fabrication.
Un enjeu majeur pour les Européens
Chaque citoyen européen produit en moyenne 130 kilos de déchets alimentaires et 15 kilos de textiles par an. Le recyclage reste quasi nul dans ce dernier secteur. La nouvelle loi fixe des objectifs contraignants mais laisse aux États la liberté de mettre en place des programmes adaptés : valorisation des “fruits et légumes moches”, clarification de l’étiquetage, ou encore dons des invendus aux banques alimentaires.
Cependant, aucun objectif n’est fixé pour le secteur agricole, alors qu’il représente une part importante du gaspillage. Une lacune dénoncée par des ONG comme le WWF.
La fast fashion dans le viseur
Pour la première fois, la directive européenne intègre le textile. Dans une logique de pollueur-payeur, les producteurs devront assurer la collecte, le tri et le recyclage des vêtements usagés, en finançant eux-mêmes ce dispositif. La fast fashion, largement représentée par les plateformes chinoises, est directement ciblée. Bruxelles envisage même d’instaurer une taxe de deux euros par petit colis, afin de freiner l’afflux massif de produits à bas prix : l’an dernier, 4,6 milliards de colis, dont 91% en provenance de Chine, ont été livrés dans l’UE.
Un compromis jugé insuffisant par certains
Initialement, les eurodéputés réclamaient une réduction de 40% des déchets alimentaires pour les ménages et de 20% pour la transformation. Mais le compromis trouvé avec les États membres abaisse ces ambitions. Les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration plaidaient, eux, pour une approche uniquement pédagogique.
Cette loi, qui révise une directive de 2008, représente toutefois un tournant dans la lutte européenne contre le gaspillage et la pollution textile, à un moment où les consommateurs exigent plus de durabilité et de transparence.