Le divorce est désormais consommé entre les deux géants de l’économie mondiale. Les États-Unis et la Chine, partenaires commerciaux incontournables depuis des décennies, se retrouvent aujourd’hui dans une impasse économique explosive, rappelant les séparations les plus acrimonieuses du monde des affaires. Cette semaine, le président Donald Trump a franchi un nouveau cap en suspendant pour 90 jours les droits de douane réciproques pour tous les pays… sauf la Chine. Une décision lourde de conséquences, qui a surpris les observateurs et envoyé un signal clair à Pékin : le rapport de force est engagé.
En réaction à l’absence de concessions chinoises, les importations venues de Chine seront désormais taxées à hauteur de 145 %, une mesure qui menace près de 600 milliards de dollars d’échanges bilatéraux. Ce durcissement pourrait provoquer un gel complet du commerce entre les deux premières économies mondiales, avec des répercussions économiques planétaires.
L’ombre d’un bras de fer prolongé
Des deux côtés, les intentions sont ambiguës : les dirigeants américains et chinois laissent entrevoir une volonté de négociation, mais attendent que l’autre fasse le premier pas. Pékin, par la voix de ses médias officiels, a rejeté toute idée de céder à la pression de Washington, qualifiant cette attente d’ »impensable ».
Les conséquences commencent déjà à se faire sentir. Le secteur des décorations de Noël est frappé de plein fouet : les distributeurs américains retardent leurs commandes auprès des usines chinoises, qui fournissent près de 87 % des décorations festives aux États-Unis, pour une valeur annuelle estimée à 4 milliards de dollars.
Autre secteur en ligne de mire : le cinéma. La Chine menace de réduire les importations de films américains, au profit des productions locales qui rencontrent un succès croissant. Ce serait un coup dur pour Hollywood, qui dépend fortement du marché chinois pour rentabiliser ses superproductions.
Mais cette crise commerciale dépasse largement ces secteurs symboliques. Elle pourrait également perturber gravement l’industrie électronique, les semi-conducteurs, et les produits technologiques grand public, notamment les smartphones, ordinateurs portables, et équipements connectés dont la fabrication repose en grande partie sur des composants ou des chaînes d’assemblage situées en Chine. De grandes marques américaines comme Apple, Intel ou HP pourraient être touchées.
Le secteur automobile est également concerné, en raison de la forte interdépendance entre les deux pays pour les pièces détachées, les batteries de véhicules électriques, et certains modèles assemblés partiellement en Chine.
Le textile, les jouets, l’ameublement, ainsi que les produits pharmaceutiques ou médicaux, pourraient eux aussi subir les effets d’un durcissement prolongé des échanges. En effet, une grande partie des médicaments génériques et équipements de protection personnelle utilisés aux États-Unis provient de Chine.
Enfin, le secteur agricole américain, déjà fragilisé par les précédentes vagues de sanctions, pourrait de nouveau être ciblé par Pékin, notamment via la suspension de commandes de soja, de maïs ou de viande, impactant directement des milliers d’exploitants aux États-Unis.
Parallèlement, la Chine accélère sa stratégie de réorientation commerciale vers d’autres régions, en particulier les pays membres de l’ASEAN, pour réduire sa dépendance au marché américain et construire de nouvelles alliances économiques régionales.
Vers une secousse globale ?
Selon l’Organisation mondiale du commerce, les échanges entre la Chine et les États-Unis représentent à eux seuls près de 3 % du commerce mondial. Une paralysie durable de leurs relations pourrait provoquer une onde de choc mondiale, mettant en péril l’ensemble des chaînes d’approvisionnement internationales et ralentissant la croissance globale.