Il préfère rester anonyme, mais son nom d’emprunt est déjà sur toutes les lèvres : « Zéro Sabot ». Derrière ce pseudonyme se cache un homme qui a réussi à transformer son agacement personnel en un projet à la fois lucratif et populaire, offrant un soulagement inattendu à des milliers d’automobilistes de Rabat et de Casablanca. Avec 250 000 abonnés sur Facebook et 54 000 sur Instagram, il est devenu une véritable figure publique, symbole d’une résistance contre ce que beaucoup considèrent comme une injustice urbaine.
Tout a commencé une nuit, lorsqu’il a retrouvé sa voiture immobilisée par un sabot, et que le responsable du service avait délibérément éteint son téléphone, lui causant un lourd préjudice professionnel. De cette mésaventure est née une idée de revanche, mais pas n’importe laquelle : créer une alternative concrète pour contrecarrer ces pratiques jugées abusives.
Après plusieurs essais, il réussit à enlever lui-même le sabot. C’est alors qu’une idée lumineuse a germé : concevoir une clé spéciale, capable de libérer une voiture bloquée en quelques secondes. Aujourd’hui, cette « clé magique anti-sabot » est fabriquée en série et connaît un succès foudroyant, d’abord à Rabat et Casablanca, puis dans d’autres villes.
Dans le passé, de nombreux automobilistes excédés tentaient déjà de se libérer par leurs propres moyens, bricolant des outils rudimentaires pour retirer les sabots. Mais jamais un dispositif aussi efficace et accessible n’avait vu le jour. En industrialisant cette pratique, « Zéro Sabot » a ouvert une brèche dans le modèle économique des sociétés de parking, tout en gagnant la sympathie de ceux qui rejettent la légalité contestée de ces immobilisations.
S’il tient à rester discret, « Zéro Sabot » assume son rôle de justicier urbain et encourage les automobilistes à suivre sa procédure, qu’il présente comme discrète, fiable et libératrice. Pour lui, c’est une revanche personnelle devenue une croisade collective : ne plus jamais voir sa mobilité compromise par ce qu’il appelle « le satané sabot ».
Salma Semmar