Après un hiver très peu pluvieux puisque avare en précipitations, le mois d’avril a connu le retour inespéré de pluies qu’on ne voyait plus venir.
Ces récentes pluies bienfaitrices ont-elles cependant contribué à éloigner le spectre d’une pénurie d’eau !?
Ont-elles fait en sorte de faire oublier l’urgence du stress hydrique et des défis qu’il nous impose !?
La nécessité de faire des économies drastiques et conséquentes sur notre consommation d’eau potable s’est transformée en un devoir national ainsi que celui de stocker , traîter et réutiliser tous azimuts les eaux usées, mais les humains ont cette exceptionnelle faculté d’avoir la mémoire trop courte !
Ainsi, malgré toutes les urgences qui peuvent surgir, chacun recherche le confort de la vie normale en vaquant à ses préoccupations du quotidien sans se soucier de celles des autres !
On l’avait constaté malheureusement après le séisme du Haouz en septembre dernier, puisque après l’émoi et la solidarité, chacun est revenu vers ses soucis personnels !
Et il faut dire qu’avec le coût de la vie sans cesse galopant, le pouvoir d’achat malmené comme jamais auparavant et le chômage qui a connu un seuil vertigineux , ce ne sont pas les raisons qui manquent pour que le citoyen s’occupe d’abord , en priorité d’ailleurs , de ses problèmes !
Les humains sont , en partie, responsables du réchauffement de la planète et de la sécheresse, et cette dernière provoque une hausse du chômage !
Et à propos du chômage, la toute dernière note du HCP révèle un taux de chômage à presque 14 % et particulièrement près de 80 mille emplois perdus en milieu rural dans l’agriculture.
Reste à savoir si ces emplois perdus le sont exclusivement à cause de la sécheresse , ou bien est-ce qu’il y a d’autres causes plus profondes en lien avec la structure économique de l’agriculture au Maroc !?
Ainsi, il y a les activités économiques qui accentuent le dérèglement climatique et les émissions de gaz à effet de serre et il y a les programmes mis en place par le gouvernement pour atténuer et tenter de limiter les effets du changement climatique.
Il y a les multiples facteurs qui rendent la sécheresse plus sévère et d’autre part , les plans gouvernementaux pour lutter contre les effets du stress hydrique.
Et il y a les incohérences et les contradictions dans la structure des investissements ou des stratégies sectorielles et en face , les budgets alloués pour promouvoir la création d’emplois.
On serait donc en plein commencement des répercussions économiques et sociales du réchauffement de la planète et comme cela fait au moins trente ans que les experts du GIEC, le Groupement interprofessionnel des experts pour le Climat de l’ONU, alertent et tirent la sonnette d’alarme, il n’y a plus de raison pour que certains départements ne s’activent pas pour faire face !
Ces derniers n’ont absolument plus aucune excuse, au même titre que les Régions et autres collectivités locales !
Normalement, en effet, des programmes d’adaptation des capacités de résilience aux effets des changements climatiques ont été adoptés , sauf que l’évaluation des objectifs à atteindre à moyen et à long terme n’a pas forcément fonctionné !
Et il faut dire que sans reddition des comptes et sans controles et audits en rapport avec les objectifs chiffrés , certains n’hésitent pas à mettre des bâtons dans les roues censés mener le pays vers le progrès !
Défavorisés en temps normal et encore davantage en temps de crise !
Oui , d’accord pour tout mettre sur le dos du dérèglement climatique en cours, y compris surtout l’alibi de la sécheresse pour justifier la flambée des prix mais il y a tout un éventail de mesures à prendre car en principe,un pays averti en vaut deux , et se doit de se munir de toutes les dispositions pour parer à toute éventualité, toute urgence et tout imprévu sans que les plus vulnérables, surtout les plus défavorisés en milieu rural, n’aient à en faire les frais !
Oui , chaque goutte d’eau compte et chaque emploi compte car chaque citoyen compte et Il n’est plus permis de laisser des populations au bord de la route, exclues , oubliées et désemparées face à l’inconnu de lendemains incertains !
Et comme les rapports de force sont plutôt favorables à l’économie libérale, il est doublement injuste que ce soit les plus défavorisés et les plus vulnérables qui aient à souffrir en premier lieu de la fracture sociale et de la facture économique des aléas climatiques et de la sécheresse en particulier.
Par Hafid Fassi Fihri