Les éleveurs de poulet de chair au Maroc tirent la sonnette d’alarme et interpellent le gouvernement sur les défis économiques de leur secteur. Regroupés au sein de l’Association Nationale des Éleveurs de Poulet de Chair, présidée par Mohamed Aboud, ils réclament une exonération des droits de douane sur l’importation des poussins et des aliments pour volaille, une mesure qu’ils considèrent essentielle pour mettre fin au monopole de certaines entreprises et pour diminuer les coûts de production.
Un problème de longue date
Selon Mohamed Aboud, cette demande n’est pas nouvelle : « Cela fait dix ans que nous portons ce plaidoyer, mais les décisions tardent à venir. » Il critique notamment les pratiques de certaines entreprises de couvoirs, accusées de manipuler la production pour maintenir les prix élevés. Par exemple, la production estivale de poussins a chuté de 11 millions à 5 millions, ce qui a entraîné une flambée des prix, même lorsque la production a été rétablie par la suite.
Un coût de production élevé
La comparaison avec l’Europe est édifiante : un poussin y coûte environ 4 dirhams, contre 14 dirhams au Maroc. De même, le coût de production d’un kilogramme de poulet est estimé à 13 dirhams en Europe, tandis qu’il atteint au moins 17 dirhams au Maroc. Cette disparité s’explique par des coûts de matières premières élevés et des pratiques commerciales jugées abusives.
Des solutions proposées
Les associations professionnelles, dont celle des producteurs de viande de volaille, demandent des mesures urgentes, notamment :
L’autorisation d’importer des poussins de chair sans droits de douane, comme c’est le cas pour les dindonneaux.
La régulation des prix des poussins pour plafonner leur coût à 6 dirhams, et celui des dindonneaux à 20 dirhams.
Une surveillance stricte des acteurs du marché pour éviter les hausses injustifiées.
La simplification des procédures pour le forage de puits et l’accès à l’eau potable, essentielle à l’élevage avicole.
Un marché en pleine mutation
Le marché marocain a connu une augmentation progressive des prix du poulet au cours des dernières décennies. En 2024, le kilogramme de poulet est vendu à 16,76 dirhams en moyenne, contre 4,18 dirhams en 1970. Malgré cette hausse, le secteur peine à répondre à la demande croissante en raison des défis structurels et de la concurrence internationale.
Un appel au gouvernement
Les éleveurs insistent sur l’importance d’un soutien gouvernemental pour garantir des prix abordables pour les consommateurs tout en protégeant les éleveurs. « Sans mesures urgentes, la situation risque de se détériorer davantage », avertit Aboud.
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