Dans un contexte économique marqué par une inflation persistante et une cherté de la vie pesant lourdement sur les ménages, la décision du Roi Mohammed VI de ne pas procéder au sacrifice du mouton pour l’Aïd Al-Adha cette année a été accueillie avec un profond soulagement par de nombreux Marocains. Pour beaucoup, cette mesure empreinte de sagesse et d’humanité permet de préserver la dignité de ceux qui, faute de moyens, se retrouvaient chaque année dans l’embarras face à cette tradition.
Une décision royale qui allège un fardeau économique et social
L’Aïd Al-Adha, bien que constituant une tradition religieuse fortement ancrée dans la culture marocaine, repose sur le principe de l’« istitaa » (capacité financière). En d’autres termes, ce rite n’est obligatoire que pour ceux qui en ont les moyens. Or, ces dernières années, et particulièrement en raison des hausses des prix et des conditions climatiques difficiles ayant affecté le secteur de l’élevage, le coût d’un mouton était devenu inabordable pour une grande partie des familles marocaines.
Ainsi, selon Abdessamad Dekkali, vice-président de l’Association marocaine de protection et d’orientation du consommateur à Ouezzane, cette décision royale répond aux préoccupations des ménages confrontés à une flambée des prix qui rendait l’achat d’un mouton difficile, voire impossible, pour de nombreux foyers. « Ce choix éclairé du Roi Mohammed VI a permis à des milliers de familles d’éviter une pression financière qui aurait pu les pousser à s’endetter ou à faire d’énormes sacrifices pour respecter une tradition devenue un luxe pour certains », a-t-il expliqué.
En outre, l’expert souligne que ce fardeau économique n’impactait pas uniquement les finances des familles, mais affectait également leurs relations sociales, certaines personnes se sentant contraintes de sacrifier un mouton par simple souci du regard des autres.
Une baisse immédiate des prix du bétail
Un autre effet notable de cette décision royale a été son impact immédiat sur le marché du bétail. Dekkali a observé une chute soudaine des prix des moutons sur les marchés, certaines têtes affichant une baisse de près de 1 000 dirhams en l’espace d’une journée. Cette tendance pourrait également se répercuter sur les prix de la viande rouge dans les semaines à venir, en raison d’un surplus d’offre sur le marché et d’un affaiblissement de la spéculation.
Un soulagement général et un message d’unité sociale
De son côté, Dr Ahmed Dardari, président du Centre international de veille sur les crises et de prospective politique, estime que cette décision a été perçue comme une bouffée d’air frais par la population. « Le Souverain, en sa qualité d’Amir Al-Mouminine, a toujours veillé à garantir l’équilibre entre la religion et les réalités socio-économiques », a-t-il déclaré.
Il souligne également que ce choix va bien au-delà de la simple annulation d’un rite religieux : il s’inscrit dans une vision plus globale de préservation des ressources nationales, notamment en période de sécheresse et de difficultés pour l’élevage. « Cette pause dans le rituel du sacrifice permet d’assurer un meilleur équilibre pour le cheptel marocain, réduisant la nécessité d’importations coûteuses et favorisant une meilleure gestion des ressources du pays », ajoute-t-il.
Une décision synonyme de solidarité et d’anticipation de l’avenir
Au-delà de ses impacts économiques et sociaux, ce choix royal envoie un message fort sur l’importance de la solidarité et du bien-être collectif. En mettant en avant l’idée que la dignité des citoyens prime sur toute autre considération, le Roi Mohammed VI renforce l’unité nationale autour de valeurs humanistes et pragmatiques.
Dr Dardari conclut que cette décision pourrait également inciter à une réflexion plus large sur les pratiques de consommation et les traditions à adapter face aux défis du futur, qu’il s’agisse du changement climatique ou des fluctuations économiques mondiales.
En définitive, loin d’être une remise en question des traditions, cette mesure royale a été perçue comme un acte de clairvoyance et de compassion qui permet à de nombreuses familles marocaines de traverser cette période difficile avec dignité et sérénité.
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