La salle d’audience de la Cour d’appel de Casablanca a été le théâtre, ce vendredi, d’un procès sous haute tension impliquant des prévenus poursuivis dans le cadre de l’affaire d' »Escobar du Sahara ». L’affaire porte sur l’utilisation et la dissimulation de plusieurs camions soupçonnés d’avoir un lien avec des activités criminelles, notamment au sein d’une carrière appartenant à l’ancien président de la région de l’Oriental, Abdennabi Bioui.
Le principal accusé, identifié sous les initiales « A.D. », a nié toute implication dans la gestion des camions concernés et leur immatriculation. Il a également rejeté toute connaissance d’un éventuel lien entre ces véhicules et le trafiquant de drogue. Selon lui, ces cinq camions, sur un total de onze importés de Chine, n’avaient jamais reçu leur certificat de conformité.
Interrogé par le président du tribunal, « A.D. » a assuré qu’il ignorait tout du sort des camions, expliquant qu’ils étaient utilisés sur un site d’extraction de pierres. Cette situation, selon lui, justifierait l’absence de documents administratifs et de plaques d’immatriculation.
En tant que chef d’atelier de maintenance des véhicules et des équipements de travaux publics au sein de l’entreprise Bioui, il a persisté dans son déni, affirmant ne pas se souvenir des événements anciens évoqués.
Cependant, la défense a été mise en difficulté lorsque le tribunal a présenté un enregistrement d’un appel téléphonique dans lequel l’accusé discutait de la démolition de structures de camions et de l’effacement de leurs numéros de série. « A.D. » a contesté cette interprétation, prétendant que la conversation portait sur d’autres engins.
Il a également nié avoir reçu des instructions pour masquer les identifiants des camions et a insisté sur son absence de responsabilité dans la destruction des documents des véhicules.
Un autre accusé, « T.B. », qui œuvrait en tant que gardien au sein d’une entreprise appartenant à Abderrahim Bioui, frère de l’ancien président de la région, a également nié les faits qui lui sont reprochés. Il a cependant reconnu que les camions appartenaient à l’entreprise en question.
Lors de son audition, « T.B. » a confirmé connaître le frère de Bioui et a déclaré que ce dernier avait donné des consignes pour se débarrasser de matériels non conformes.
En réponse aux questions du parquet, il a expliqué que les camions étaient recouverts d’une bâche lors de leur maintenance dans une exploitation agricole, ce qui aurait pu alimenter les soupçons.
Le tribunal lui a alors présenté les témoignages d’Abderrahim Bioui, qui a admis avoir ordonné la destruction des camions, l’effacement de leurs GPS et l’altération de leur identification avant leur transfert vers sa ferme. « T.B. » a néanmoins persisté dans son déni, prétendant ignorer ces faits.
L’affaire, qui implique des figures influentes du milieu politique et des affaires, est suivie de près par les observateurs judiciaires et les médias. La procédure en cours pourrait déterminer si ces prévenus ont été des complices volontaires ou simplement des acteurs involontaires dans ce vaste réseau de fraude et de trafic.
Le procès se poursuit avec l’examen d’autres pièces à conviction et témoignages qui pourraient faire la lumière sur le rôle de chacun dans cette affaire tentaculaire.