En attendant les chiffres de l’année 2024, ceux de 2023 sur les violences faites aux femmes, y compris et surtout aux femmes mariées, montrent que le phénomène est profondément ancré.
Elles étaient plus de 86 000 à avoir déposé plainte, dont la moitié pour des violences ou des maltraitances commises par leurs époux, soit 51 % des plaintes enregistrées.
Le ministère public, qui a présenté ces résultats, a souligné que les cas de violence ont enregistré une légère baisse par rapport à l’année précédente, mais le phénomène reste néanmoins préoccupant.
La seule véritable nouveauté concerne l’usage du numérique dans le dépôt des plaintes, bien que cela ne représente encore que 1 % du total des plaintes transmises aux tribunaux. Toutefois, les téléphones portables ont commencé à libérer la parole des victimes et à faciliter les démarches de celles vivant le calvaire des violences domestiques.
Autre indicateur préoccupant : le retrait des plaintes reste prédominant dans les démarches des victimes. En effet, au cours de l’année 2023, plus de la moitié des plaintes ont été retirées, poussant les tribunaux à classer de nombreux dossiers sans suite. Pourtant, un nombre important de victimes finit par revenir déposer plainte à nouveau.
Le rapport met également en lumière une évolution inquiétante : si la violence physique reste prédominante, la violence psychologique prend des proportions alarmantes, bien plus que les années précédentes. Quant aux violences économiques, elles demeurent relativement importantes, représentant 18 % des cas enregistrés, tandis que les violences sexuelles, bien que moindres, concernent tout de même 7 % des cas.
Enfin, dernier indicateur : les femmes âgées de 31 à 51 ans sont les plus touchées par les violences conjugales. Par ailleurs, un autre phénomène préoccupant concerne les infractions criminelles visant des femmes, dans 80 % des cas commises par des hommes sans relation directe avec la victime, pouvant parfois aboutir à des décès.
Par Jalil Nouri
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