Le gouvernement d’Aziz Akhannouch peut enfin revendiquer les chiffres de la baisse du chômage au titre du premier trimestre de cette année 2025. Mais il faut bien les lire avant de tirer des conclusions hâtives et de crier victoire dans la lutte contre le chômage et l’exclusion, ce que l’exécutif a tendance à faire en période préélectorale.
Certes, le taux est retombé à 13,3 % en comparaison avec l’année dernière à la même période, quand il tournait autour de 13,7 %. La différence n’est donc pas énorme, et il faut la relativiser. Car derrière ce chiffre se cache une autre réalité amère, si l’on tient compte du fait que sur les 282 000 emplois créés depuis l’exercice précédent, les deux tiers concernent des sous-emplois, surtout en milieu rural — le parent pauvre de la richesse — qui, lui, enregistre une perte de 3 000 postes, vouée à conduire à l’exode, avec un facteur aggravant comme la sécheresse, désormais oubliée.
Car si le chômage, selon les chiffres du Haut-Commissariat au Plan, a tendance à baisser significativement en milieu urbain, tel n’est pas le cas pour le rural — une tendance qui n’est pas prête de s’inverser, d’autant plus que le fléau touche les jeunes en particulier, pour lesquels toutes les solutions se sont avérées vaines.
Il faut reconnaître, toutefois, au gouvernement les efforts continus pour résorber le chômage des jeunes, comme récemment l’octroi aux entreprises de subventions en échange du recrutement de jeunes non diplômés — une mesure bien accueillie par le patronat. L’équipe d’Akhannouch aura-t-elle la capacité, d’ici les prochaines élections de 2026, de stabiliser le chômage de manière significative et de relever le double défi : créer des emplois en grand nombre dans les villes, où le chômage frappe le plus les jeunes sans formation ni diplômes, mais également dans les campagnes, où l’attrait de l’exode n’a jamais baissé, année de sécheresse ou pas.
Par Jalil Nouri