Israël a fini par passer à l’action. Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’État hébreu a frappé une centaine de cibles sur le territoire iranien, une escalade historique dans les tensions qui secouent le Moyen-Orient.
Une centaine de cibles iraniennes ont été visées dans une opération inédite de l’aviation israélienne. Entre les deux ennemis, l’escalade risque de mener toute la région au fond du gouffre. Trois questions pour comprendre ces frappes historiques.
L’Iran a aussitôt frappé l’État hébreu vendredi soir, en riposte à l’attaque sans précédent d’Israël la veille, qui avait bombardé des sites militaires et nucléaires et tué les plus hauts commandants militaires du régime islamique. Dans la journée, Donald Trump a appelé l’Iran à signer au plus vite un accord sur son programme nucléaire.
Après les frappes israéliennes sur l’Iran, le glas a-t-il sonné pour le régime des Mollahs !?
C’est une véritable déclaration de guerre que ce bombardement intensif de l’armée israélienne sur l’Iran, avec la mort du chef des Gardiens de la Révolution ainsi que six experts nucléaires et des hauts dignitaires du régime pris pour cible par Tel-Aviv.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, deux cents chasseurs israéliens ont effectué des frappes sur l’Iran, atteignant des centaines de cibles, au moment où la Maison Blanche entamait des pourparlers avec Téhéran.
Le chef des Pasdaran, les Gardiens de la Révolution, a été tué au cours de cette nuit, ainsi que six experts nucléaires et des hauts dignitaires du régime pris pour cible par Tel-Aviv.
Si le général Salami, chef des Pasdaran, a été tué au cours de cette opération, Téhéran a affirmé que les infrastructures nucléaires de Natanz et les installations pétrolières de Tabriz notamment n’avaient pas été endommagées. Chose confirmée par l’Agence internationale de l’énergie atomique, qui a conseillé à Tel-Aviv de ne pas prendre le risque de provoquer des dégâts sur le programme nucléaire iranien.
L’Iran est-il vraiment capable d’une vengeance d’ampleur !?
Si Téhéran a promis une riposte « sans limites », on peut se demander si le régime iranien en a les moyens, car apparemment la défense aérienne, si elle existe, n’a pas du tout semblé efficace face à deux cents chasseurs israéliens qui ont pénétré dans l’espace aérien de l’Iran.
L’Iran est-il ainsi vraiment capable d’une vengeance d’ampleur !?
Après l’agression massive d’Israël, Téhéran peut-il riposter de manière « puissante et légitime », comme le promet et le soutient le président iranien Persekian !?
En même temps, après les éliminations d’Ismaël Haniyeh à Téhéran et celle de Hassan Nasrallah à Beyrouth, la riposte iranienne avait été très symbolique, avec des drones et des missiles à très faible portée, dont beaucoup avaient été interceptés par la Jordanie, contrairement à la violence verbale des Iraniens qui avaient pourtant promis une vengeance féroce.
Le régime iranien se retrouve dans une très mauvaise posture : d’un côté par rapport à l’infiltration du Mossad au sein du pouvoir, et de l’autre par rapport à la population, même si la rhétorique antisioniste dont use et abuse la République islamique peut provoquer un sursaut nationaliste salvateur et mobilisateur.
Il ne faut pas oublier que l’Iran subit les sanctions américaines depuis vingt ans et ne peut vendre ni pétrole ni gaz, et malheureusement, Téhéran ne dispose pas d’une armée de l’air digne de ce nom.
Ainsi, après la bande de Gaza, les frappes régulièrement assénées par Tsahal au Liban et en Syrie, Netanyahou, qui vient d’échapper à une dissolution du Parlement et à une chute de son gouvernement, a ouvert un nouveau front avec la menace d’une nouvelle guerre.
Si ces frappes, dont Donald Trump avait été informé à l’avance par Netanyahou, risquent d’avoir une incidence sur la poursuite des négociations diplomatiques entre Téhéran et la Maison Blanche, en Europe et en Occident généralement, beaucoup ne seraient pas contre la chute du régime iranien !
La fin du régime iranien !?
Il reste juste à savoir si l’administration Trump était d’accord pour ces frappes, si elle a donné son aval et son feu vert ou si Netanyahou a pris la Maison Blanche de vitesse et de court afin de saborder les négociations en cours, au risque d’une escalade incontrôlable dans la région ?
Mais, en appelant ce vendredi Téhéran à signer un accord afin d’éviter de nouveaux massacres, Donald Trump ne laisse aucune place au doute concernant le soutien de Washington à son allié sioniste dans cette nouvelle guerre.
La Maison Blanche a, par ailleurs, déclaré espérer que les bases américaines dans le Golfe ne seraient pas prises pour cibles, et que le Pentagone devrait en assurer la protection et la sécurité.
En attendant, l’Iran est-il vraiment capable d’une vengeance d’ampleur et d’une riposte d’envergure !?
La carte majeure que peut utiliser l’Iran, ce serait de fermer le détroit d’Ormuz afin de mettre à mal les intérêts américains liés au pétrole, nonobstant l’appui et le soutien que la Russie et la Chine pourraient apporter à Téhéran sur cette question.
En attendant, la réunion prévue à Oman ce dimanche entre Iraniens et Américains semble compromise, et l’Iran pourrait se retirer du traité de prolifération des armes nucléaires.
Netanyahou a non seulement cherché à saboter les négociations entre la Maison Blanche et Téhéran, à annuler la conférence sur la Palestine prévue ce samedi à l’ONU — où la France s’apprêtait à reconnaître un État palestinien indépendant — mais aussi à entraîner l’Amérique dans cette guerre contre l’Iran.
Il y a certainement un plan secret et un agenda pour remodeler la carte de la région et pour achever les objectifs du présumé printemps arabe et ceux poursuivis par Daech, surtout après la chute du régime de Bachar el-Assad !
Pour le moment, les aéroports de Téhéran ont été fermés, et le président français a convoqué un conseil de défense en préparation d’une guerre globale qui devrait précipiter la chute de la République islamique d’Iran !
Et cette guerre pourrait être de courte durée et se résumer à des opérations ciblées, y compris contre les plus hauts responsables et dignitaires. Maintenant, en conclusion, le glas a-t-il sonné pour le régime des Mollahs !?
Hafid Fassi Fihri
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