Le Maroc crée une agence dédiée pour traquer, saisir et réinjecter l’argent sale

Dans un tournant majeur de sa politique judiciaire et économique, le Maroc s’apprête à se doter d’une Agence nationale de recouvrement et de gestion des fonds et des biens saisis et confisqués. Ce nouvel organisme, annoncé par le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi lors d’une rencontre régionale à Rabat sur le thème « Suivi, gel et confiscation des avoirs criminels », vise à renforcer la lutte contre le blanchiment d’argent et les crimes financiers transnationaux.

Fruit d’un projet de loi déjà élaboré par le ministère de l’Économie et des Finances, cette agence aura pour mission de centraliser la gestion des actifs issus d’activités illégales : argent, biens immobiliers, véhicules, actions ou tout autre bien saisi, confisqué ou gelé dans le cadre de procédures judiciaires. Elle permettra également de structurer les opérations de saisie conservatoire pénale, souvent complexes à mettre en œuvre et mal coordonnées jusqu’à présent.

Au-delà du volet répressif, cette mesure s’inscrit dans une logique vertueuse : les avoirs confisqués seront réinjectés dans le financement de projets de développement économique et social, créant ainsi une boucle positive où l’argent du crime finance le progrès. Une démarche qui s’aligne pleinement avec les standards internationaux en matière de gouvernance et de justice économique.

Le Maroc renforce ainsi son ancrage dans les réseaux régionaux et internationaux de coopération judiciaire, notamment avec les pays d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Le royaume est déjà signataire de près de 80 conventions bilatérales en matière de coopération pénale.

Cette agence, inédite dans sa forme et son ambition, permettra à terme d’améliorer la transparence, d’assécher les réseaux criminels et de transformer les butins du crime en leviers pour le développement.