Face au réchauffement spectaculaire des relations maroco-mauritaniennes, Alger intensifie ses manœuvres diplomatiques vers Nouakchott, dans une tentative d’enrayer une dynamique régionale qui semble lui échapper. La récente visite du président de l’Assemblée algérienne, Ibrahim Boughali, en Mauritanie, illustre cette volonté d’endiguer un basculement potentiel de la position mauritanienne sur la question du Sahara.
L’Algérie, inquiète de voir son voisin du sud s’ouvrir davantage aux propositions marocaines, notamment autour du plan d’autonomie, multiplie les gestes politiques, économiques et culturels en direction de Nouakchott. Mais les signaux venus de la capitale mauritanienne révèlent une autre tendance : celle d’un alignement stratégique, discret mais réel, sur Rabat. Entre rencontres parlementaires, coopération sécuritaire, et grands projets comme le gazoduc Nigeria-Maroc ou l’initiative atlantique, les liens se densifient.
Cette nouvelle donne ne passe pas inaperçue dans les cercles de pouvoir algériens, qui redoutent un recul de leur influence dans une région longtemps verrouillée. Pourtant, comme l’expliquent plusieurs observateurs, la Mauritanie semble aujourd’hui guidée par des considérations pragmatiques plutôt qu’idéologiques. Le rapprochement avec le Maroc répond à des logiques de complémentarité économique, d’interconnexions culturelles anciennes, et de perspectives communes en matière de développement.
En définitive, la stratégie algérienne, fondée sur une diplomatie défensive et des calculs géopolitiques anciens, semble peiner à rivaliser avec l’approche marocaine axée sur le partenariat économique, la connectivité régionale et la complémentarité structurelle. La Mauritanie, lucide face aux enjeux de stabilité et de développement, adopte une posture de plus en plus pragmatique, refusant de s’enfermer dans une logique de rivalités. En misant sur des projets d’envergure et des liens historiques profonds, Rabat offre à Nouakchott un horizon crédible. L’avenir maghrébin se jouera ainsi moins sur les dogmes que sur la capacité des États à construire ensemble des solutions durables et mutuellement bénéfiques.
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