Encore un fait divers dont le secteur du tourisme, et de l’hôtellerie en particulier, aurait bien pu se passer : la chute mortelle d’un balcon dans un hôtel classé de la baie d’Agadir, causant le décès immédiat d’une touriste, avant même l’arrivée de secours impuissants.
Selon la version officielle recueillie sur place, le balcon de la chambre où séjournait la victime, en famille, n’était pas entretenu. La rambarde, rouillée, n’a pas tenu lorsque la cliente de l’hôtel, âgée d’une quarantaine d’années et tout juste arrivée, s’y est appuyée. La première version ayant circulé faisait état d’un suicide, mais elle s’est avérée fausse.
Plus grave encore, l’enquête a permis de constater que d’autres balcons de cet hôtel présentent le même état de délabrement, sans que cela n’émeuve les propriétaires. Ces derniers n’hésitent pourtant pas à appliquer des tarifs parmi les plus élevés de la baie d’Agadir, sans offrir en échange les conditions minimales de sécurité à leurs clients. En raison de son éloignement, cette destination échappe souvent à un contrôle rigoureux, ce qui encourage certains opérateurs à se soustraire à leurs obligations.
Ce drame rappelle que, dans un secteur qui engage l’image du pays et que le Maroc ambitionne de hisser parmi les grandes destinations mondiales, les opérations de contrôle des hôtels classés se font souvent à l’aveuglette. Pire, il n’est pas rare que les propriétaires soient avertis à l’avance de l’arrivée d’une commission, laquelle finira par fermer les yeux sur les infractions. Elle s’attardera sur le service, les prix ou la qualité des produits, mais rarement sur la sécurité et les conditions d’hébergement, comme l’a tristement démontré cette chute mortelle, reprise par la presse internationale.
L’appel est donc lancé pour une sérieuse mise à plat du dossier du tourisme, avant l’accueil des grands événements internationaux prévus au Maroc.
Par Jalil Nouri