Bourita en position inconfortable au Caire

Le chef de la diplomatie, Nasser Bourita, a quitté Le Caire après avoir assisté hier à la session de la conférence de la Ligue arabe et prononcé un discours au nom du Maroc, sans afficher toutefois un engagement plus fort ni une condamnation plus ferme d’Israël.

Un discours teinté d’optimisme, puisqu’il a rappelé l’attachement du Royaume à une solution politique pour le règlement définitif du conflit israélo-palestinien, tout en condamnant la violence actuelle et en appelant à mettre fin au drame humanitaire à Gaza.

Cependant, Bourita n’a évoqué aucune mesure concrète à l’égard d’Israël dans l’éventualité où ce dernier viendrait, comme prévu, à annexer non seulement Gaza mais aussi des pans entiers de la Cisjordanie. Une posture qui contraste avec celle des Émirats arabes unis – signataires, comme le Maroc, des Accords d’Abraham avec Israël et les États-Unis – qui avaient clairement fixé une ligne rouge en cas de mise à exécution de ce projet.

Les observateurs présents au Caire, où plusieurs interventions similaires ont condamné Israël, ont relevé que le diplomate marocain se contentait désormais, depuis la signature des Accords d’Abraham, de dénoncer timidement l’État hébreu, sans aller aussi loin que les Émirats pour accentuer la pression sur Israël et Washington face au génocide en cours, à la catastrophe humanitaire dramatique et au processus d’annexion quasi totale de la Palestine. Une situation qui risque de laisser des cicatrices profondes et d’anéantir tout espoir de paix.

Ainsi, avec cette posture jugée trop prudente face à l’agression inhumaine israélienne, certains craignent que le Maroc ne se retrouve isolé au sein du monde arabe. Une prudence motivée par la volonté de ne pas compromettre les avancées obtenues sur le dossier du Sahara, actuellement en bonne voie vers un règlement définitif, et de ne pas risquer de perdre ces acquis en adoptant une position trop ferme susceptible de remettre en cause les Accords d’Abraham et de provoquer une réaction négative du tandem américano-israélien.

Par Jalil Nouri