Quelle interprétation donner à la décision du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, de convier les deux chaînes du pôle public, Al Oula et 2M, pour l’interroger sur des questions d’actualité, mais surtout pour dresser le tableau de son mandat ? Très élogieux sur son bilan, il a choisi de s’attarder sur le bon côté des choses, tout en esquivant le négatif face à des intervieweurs dociles.
Un mandat incomplet de quatre années, présenté sous l’angle des réussites et non des échecs, sans attendre son terme, apparaît comme une manière prématurée de figer le compteur avant que les dossiers en suspens ne viennent contrebalancer et ternir cette dernière année d’exercice — un mandat qui ne se répétera probablement pas.
Le plus grand danger pour Akhannouch, et le saut le plus périlleux dans l’inconnu, reste la question de la réforme des retraites qui, étrange coïncidence, commencera à être débattue dans la dernière ligne droite. C’est l’étape la plus difficile, d’où cette prestation inattendue et, disons-le, lisse d’un Akhannouch soucieux de se prémunir d’un futur échec, car la radicalisation des centrales syndicales ne lui laisse aucune marge de manœuvre ni aucune chance de les voir céder sur la moindre revendication.
Ces dernières, pour confirmer leurs intentions avant la reprise du dialogue social qui s’annonce la plus complexe, n’ont laissé aucune place à l’optimisme quant à un accord définitif. Les trois principales centrales ont déjà placé la barre très haut et promis d’en découdre avec le gouvernement s’il osait toucher aux acquis.
Pour le reste, et sans surprise, le chef du gouvernement s’est attaché à dérouler un long chapelet de réalisations, énumérées les unes après les autres, avec une détermination rarement affichée par les gouvernements précédents.
Par Jalil Nouri