C’était certainement la décision que le gouvernement algérien redoutait le plus depuis l’indépendance : l’abrogation de la convention signée avec la France en 1968, qui visait à panser les plaies de la guerre de colonisation et à tourner la page du passé. Le Parlement français vient, en effet, d’adopter le texte portant annulation de cet accord, à l’initiative du parti d’extrême droite Rassemblement national (RN), après la dégradation spectaculaire des relations entre Paris et Alger ces derniers mois.
Parler de simple crispation est un euphémisme : ces relations ont atteint un point de non-retour, et ce vote, acquis à une voix près, en constitue le paroxysme. La France s’apprête à toucher l’Algérie là où cela fait le plus mal : les avantages administratifs et les facilités d’accès au territoire français accordés aux ressortissants algériens. Une procédure accélérée existait notamment pour l’obtention d’un certificat de résidence en cas d’accueil par un membre de la famille résidant légalement en France. Les étudiants algériens ont aussi longtemps bénéficié de conditions plus favorables (durée des titres, visas), sans parler des titres de séjour de dix ans souvent attribués aux familles de la nomenklatura, hauts gradés et hauts fonctionnaires, qui n’en bénéficieraient plus une fois la dénonciation entérinée par le gouvernement.
Cette décision, difficile à avaler pour les dirigeants algériens, pourrait susciter une riposte à la hauteur des enjeux, allant d’un refroidissement économique majeur à une crise diplomatique plus profonde, au risque de ramener les échanges entre les deux pays à leur plus bas niveau.
Par Jalil Nouri











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