Il est parfois des scènes parlementaires qui, au-delà du sérieux des sujets débattus, marquent durablement les esprits par leur dimension à la fois anecdotique et cocasse. La dernière séance consacrée à la question sensible de la participation aux élections des personnes poursuivies en justice — mais toujours présumées innocentes dans l’attente d’un jugement définitif — en a fourni une illustration édifiante.
Un échange d’une rare virulence a opposé le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, à un député du Parti de la justice et du développement (PJD). La confrontation verbale a rapidement dégénéré, plongeant l’hémicycle dans un véritable chaos, jusqu’à l’expulsion musclée de l’élu par le président de séance, issu du parti socialiste. Malgré ses tentatives pour calmer les esprits, l’intervention des agents de sécurité s’est avérée nécessaire pour extraire le député, qui continuait de hurler et de se débattre sous les regards médusés de ses collègues.
La scène a provoqué un profond émoi au sein du Parlement, notamment sur les bancs du PJD, où certains responsables ont brièvement évoqué l’éventualité d’une plainte contre le ministre. Finalement, l’escalade n’aura pas lieu. Sur l’insistance, dit-on, d’une médiation informelle, Abdellatif Ouahbi s’est empressé de présenter ses excuses au député concerné, ainsi qu’aux présidents des groupes parlementaires et au président de séance, admettant des excès de langage peu compatibles avec la solennité de l’institution.
Ancien militant rompu aux joutes syndicales et aux tribunes de meetings, le ministre continue parfois à laisser transparaître un style de communication abrupt, mélangeant les codes de la rue à ceux de l’hémicycle. Confondant par instants le pupitre parlementaire avec le mégaphone de la contestation, il ponctue ses interventions d’expressions fleuries qui frôlent les limites du politiquement correct.
Une chose est certaine : avec le ministre Ouahbi, les Marocains n’auront décidément rien manqué du spectacle politique.
Par Jalil Nouri










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