Dans une annonce qui pourrait redéfinir le paysage footballistique africain, le président de la Confédération Africaine de Football Patrice Motsepe a dévoilé samedi un changement radical concernant la périodicité de la Coupe d’Afrique des Nations. À partir de l’édition 2028, le tournoi continental se tiendra désormais tous les quatre ans au lieu de deux, marquant ainsi la fin d’une tradition vieille de plusieurs décennies.
Cette décision historique s’inscrit dans le cadre d’une restructuration complète du football africain orchestrée par le dirigeant sud-africain. Motsepe a justifié ce bouleversement par la nécessité de créer un calendrier footballistique mondial plus cohérent et mieux organisé, répondant ainsi aux critiques récurrentes concernant la surcharge du programme international et les conflits d’intérêts entre les différentes compétitions.
Le passage d’un rythme biennal à quadriennal soulève évidemment des interrogations financières majeures. La Coupe d’Afrique des Nations représente traditionnellement une source de revenus cruciale pour les fédérations nationales africaines, qui comptent sur ces rentrées régulières pour financer leurs activités et développer le football dans leurs pays respectifs. Conscient de cette réalité économique incontournable, le président de la CAF a présenté une solution compensatoire qui devrait rassurer les instances nationales.
Le projet phare de cette réorganisation consiste en la création d’une Ligue des Nations africaine, une compétition annuelle qui s’inspirera directement du modèle européen ayant déjà fait ses preuves. Cette nouvelle formule compétitive permettra aux sélections africaines de maintenir un rythme de matches régulier tout en générant des ressources financières substantielles. Motsepe insiste sur le fait que cette Ligue des Nations offrira des dotations plus importantes et multipliera les opportunités de revenus pour les fédérations participantes.
Lors de son point de presse organisé à Rabat à la veille du match inaugural de l’édition marocaine, le président de la CAF a détaillé le calendrier de cette transition majeure. Il a rappelé que l’attention actuelle doit rester focalisée sur le tournoi en cours au Maroc, avant de se tourner vers les prochaines éditions prévues en 2027 en Tanzanie, Kenya et Ouganda, puis en 2028 pour l’ultime édition biennale. C’est après la Coupe du Monde des Clubs de 2029 que la première édition de la Ligue des Nations africaine verra le jour, inaugurant ainsi une nouvelle ère pour le football continental.
Cette transformation du calendrier footballistique africain intervient après quinze années particulièrement compliquées pour l’organisation de la compétition. Depuis l’édition 2012 co-organisée par la Guinée Équatoriale et le Gabon, les organisateurs ont rencontré des difficultés croissantes pour trouver une place cohérente dans un calendrier international déjà saturé. L’édition marocaine 2025 représente d’ailleurs la huitième en seulement quinze ans, témoignant de cette problématique persistante.
Le contexte actuel du football mondial, marqué par une multiplication des compétitions internationales et des tensions entre clubs et sélections nationales concernant la libération des joueurs, rend cette réforme particulièrement pertinente. Les clubs européens notamment se plaignent régulièrement de l’interruption de leurs championnats pour permettre la tenue de la CAN en plein milieu de saison. Cette nouvelle périodicité pourrait contribuer à apaiser ces tensions récurrentes et faciliter les négociations entre les différentes parties prenantes.
La création de la Ligue des Nations africaine représente également une opportunité de modernisation et d’amélioration du niveau compétitif sur le continent. En suivant le modèle européen qui a prouvé son efficacité depuis son lancement, cette compétition pourrait offrir davantage de matches de qualité aux équipes nationales africaines et contribuer à leur développement technique et tactique. Les revenus supplémentaires générés permettraient d’investir dans les infrastructures, la formation des entraîneurs et le développement des jeunes talents.
Malgré l’ampleur de cette transformation, certaines interrogations demeurent quant aux modalités précises de mise en œuvre et à l’acceptation de ce changement par l’ensemble des acteurs du football africain. Les fédérations devront s’adapter à ce nouveau rythme et repenser leurs stratégies de développement sur le long terme. Le succès de cette réforme dépendra largement de la capacité de la CAF à concrétiser ses promesses concernant les retombées financières de la Ligue des Nations africaine.
Depuis sa première édition organisée en 1957, la Coupe d’Afrique des Nations a toujours suivi un rythme biennal, faisant partie intégrante de l’identité du football africain. Ce changement de paradigme marque donc une rupture historique qui témoigne de la volonté de la CAF de s’adapter aux exigences du football moderne tout en préservant les intérêts économiques des fédérations nationales. L’avenir dira si cette stratégie audacieuse portera ses fruits et permettra au football africain de franchir un nouveau palier sur la scène internationale.










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