Du 9 au 23 septembre 2025, la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies aura servi de scène à une diplomatie marocaine en mouvement, à la fois lisible et multivectorielle. Sous la conduite d’Aziz Akhannouch et de Nasser Bourita, la délégation du Royaume a orchestré un enchaînement soutenu de rencontres, d’accords et d’initiatives qui s’inscrivent dans la doctrine constante de politique extérieure : défendre le Sahara tout en projetant l’image d’un pays ouvert, fiable et force de proposition sur les grands dossiers globaux.
Le Sahara, colonne vertébrale de l’agenda
Comme à chaque rendez-vous multilatéral, Rabat a placé le dossier du Sahara au cœur de sa stratégie. « Sa Majesté le Roi a enclenché une dynamique de soutien à l’initiative d’autonomie, dans le cadre de la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale du Royaume, comme seule base pour résoudre le différend régional », a rappelé Nasser Bourita à New York. Les signaux politiques se sont alignés. Côté américain, Christopher Landau, secrétaire d’État adjoint, a annoncé que Washington « encouragera les entreprises américaines qui souhaitent investir dans les provinces du Sud », acte présenté comme une « reconnaissance économique » de la souveraineté marocaine. Massad Boulos, conseiller spécial du Président Trump, a enfoncé le clou : « Le plan d’autonomie est la seule base pour une solution juste et durable. »
L’appui s’est également manifesté sur plusieurs continents. Au Kenya, le chef de la diplomatie Musalia Mudavadi a qualifié l’initiative marocaine de « seule approche durable », saluant par ailleurs le modèle d’infrastructures du Royaume — de Tanger Med au réseau ferroviaire, en passant par le tourisme. En Amérique latine, le Paraguay a franchi un cap en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara et en « envisageant l’ouverture prochaine d’un consulat » dans les provinces du Sud. L’Équateur, par la voix de sa ministre Gabriela Sommerfeld, a réaffirmé son appui au plan d’autonomie et son souhait de densifier les liens commerciaux et sécuritaires avec Rabat. « Le Maroc ne peut s’engager dans des partenariats à même de porter atteinte à son intégrité territoriale », a martelé Nasser Bourita, fixant la ligne rouge.
Un Royaume acteur, pas spectateur
Au-delà du terrain politique, le Maroc a tenu à démontrer sa valeur ajoutée sur les défis mondiaux : climat, migration, lutte contre le terrorisme, paix en Afrique. Le ministre a réitéré l’appel à « un cessez-le-feu immédiat, à l’acheminement de l’aide humanitaire et à la préservation des droits des Palestiniens », tout en rappelant le rôle de S.M. le Roi Mohammed VI, en sa qualité de Président du Comité Al-Qods, et l’attachement du Royaume à la solution à deux États.
Trois accords et des chantiers structurants
Trois annonces majeures ont matérialisé cette diplomatie d’impact. D’abord, l’inauguration du Hub Morocco Digital for Sustainable Development (D4SD), en partenariat avec le PNUD, pour accélérer la transformation numérique et l’usage responsable de l’IA dans la santé, l’éducation, la résilience climatique et la gouvernance. Aziz Akhannouch a insisté sur la centralité des investissements numériques, quand Amal El Fallah Seghrouchni a plaidé pour une IA « responsable et éthique ».
Ensuite, la création du Groupe des Amis pour le sport et la migration avec l’OIM, afin d’intégrer le sport aux politiques migratoires — inclusion, cohésion, insertion professionnelle — avec des programmes pilotes annoncés, notamment sur le recrutement éthique et la formation des jeunes. Enfin, un accord entre l’AMCI et l’UNOSSC pour renforcer la coopération Sud-Sud et triangulaire, capitalisant sur l’expertise marocaine en formation et développement durable.
L’Atlantique africain, boussole stratégique
La sixième réunion ministérielle du Processus des États africains atlantiques (PEAA) a réuni 23 pays autour de la sécurité maritime, de l’économie bleue et de la lutte contre la piraterie. « Une réalité vivante et dynamique », a résumé Bourita, rappelant le potentiel stratégique de l’espace atlantique africain, riche en ressources gazières offshore et halieutiques. Dans le même esprit de consolidation, Rabat a prolongé jusqu’en 2026 son Plan d’action national “Femmes, paix et sécurité” et a rejoint le réseau FFP+, décision saluée par la haute représentante de l’UE, Kaja Kallas.
Un maillage bilatéral tous azimuts
En marge, un ballet diplomatique dense a vu Nasser Bourita enchaîner les tête-à-tête : OIM, Turquie, Pakistan, Ghana, Jordanie, CCG, OIF… Un éventail qui illustre la diversification des partenariats et la recherche d’alliances utiles, au service d’une diplomatie de résultats.