Un nouveau drame est venu ranimer la colère populaire contre l’arrogance et l’impunité présumée de certains enfants issus de familles aisées. À la plage de Sidi Rahal, près de Casablanca, une fillette, Rita, a été violemment percutée par un jeune conducteur de 4×4 remorquant un jet-ski, fonçant à vive allure en zone familiale. L’enfant, grièvement blessée, est aujourd’hui entre la vie et la mort.
L’auteur de cet acte, présenté comme un « Ould Lafchouch » – terme marocain désignant les enfants gâtés de l’élite –, n’a pas été inquiété. Il n’a toujours pas été présenté devant la justice, malgré la gravité des faits.
“Justice pour Rita” : un hashtag devenu cri national
Sur les réseaux sociaux, la mobilisation a explosé sous le hashtag #JusticePourRita. Le pays tout entier suit désormais l’évolution de son état, mais surtout l’évolution judiciaire d’une affaire devenue emblématique d’un sentiment d’injustice sociale grandissante.
L’indignation a été attisée par des propos scandaleux prêtés au père du jeune conducteur, qui, s’adressant au père de la petite victime, aurait lancé :
« Nous avons assez d’argent pour innocenter notre fils. »
Une phrase qui a fait l’effet d’une gifle, symbolisant pour beaucoup la dérive d’une caste se croyant au-dessus des lois.
Le précédent de trop
Ce n’est pas la première fois que des « enfants de riches » se rendent coupables de comportements dangereux sans en subir les conséquences. Excès de vitesse, provocations sur les réseaux, conduite sans permis… Leur historique de récidive est souvent ignoré par les autorités. La tolérance, voire la complaisance, dont bénéficient certains d’entre eux alimente un climat d’impunité intenable, jusqu’à ce qu’un drame comme celui de Rita vienne rappeler la nécessité de réagir.
Un message fort attendu par toute une génération
Plus que le sort d’un seul individu, cette affaire soulève une question de principe : dans quel pays vivons-nous si l’argent efface la responsabilité pénale ? Ne pas sanctionner cet acte de manière exemplaire serait une gifle à l’ensemble des citoyens, et particulièrement à la jeunesse, à qui l’on demande de respecter les règles pendant que d’autres les piétinent en toute impunité.
Pour restaurer la confiance dans l’État de droit, la justice doit être ferme, équitable et visible. Il ne s’agit pas de se venger, mais de préserver l’équilibre moral d’une société qui refuse que la fortune décide de l’issue d’un procès.
La petite Rita, toujours en réanimation, est devenue malgré elle le symbole d’une société qui ne veut plus pardonner à ceux qui abusent de leur privilège. Sa famille, entre douleur et espoir, attend désormais que la justice fasse son travail — sans pression, sans intervention, et surtout, sans exception.
Par Salma Semmar