Avec la présentation d’un modeste court-métrage, L’Mina, de la Marocaine Randa Maroufi, et d’un film tourné au Maroc, Sira, d’un réalisateur espagnol, Olivier Laxe, le mot Maroc ne reviendra pas souvent dans les après-projections et les discussions entre journalistes à la 78ᵉ édition du Festival du Cinéma de Cannes, considéré comme une vitrine majeure du 7ᵉ art, à laquelle le Maroc est souvent sélectionné avec des bilans divers, et parfois des coups de génie grâce à la jeune génération de réalisateurs.
Certes, le ministre de la Culture, toujours omniprésent en France, ainsi que les responsables du CCM, le Centre Cinématographique Marocain, seront de la fête, tout comme les quelques professionnels qui feront le déplacement à titre personnel pour des actions de promotion de leurs œuvres et projets. Mais de valeur actuelle et de vitrine du cinéma marocain, ce sera le désert, preuve que la machine reste grippée. Le mal est profond, sauf pour deux ou trois maisons de production faisant fortune et notoriété avec des tournages de films étrangers. C’est ainsi que le pays est plus connu pour les prestations et les paysages qu’il offre que pour le travail de ses cinéastes, et ce, depuis de nombreuses années, tel dans un océan de stagnation.
Cette perte de visibilité et ce manque de reconnaissance à l’international est un fardeau que le cinéma marocain traîne comme un boulet, à cause de problèmes de gouvernance, de qualification réelle et assumée des responsables aux profils parfois discutables, malgré les budgets consistants accordés généreusement à des productions locales, insipides pour certaines, ne dépassant pas le millier de spectateurs dans des salles vides, de plus en plus rares, moins de la centaine.
Les ministres en charge du secteur changent, mais le mal reste, sans solution, avec une gestion à vue, comme une malédiction qui se transmet en héritage, ratant des opportunités pour d’obscures explications, mais accumulant les années de disette.
Le cinéma marocain mérite mieux, avec de meilleurs responsables et des idées.
Par Jalil Nouri