Concernant la Moudawana, autrement dit le nouveau Code de la famille — et non ses récents scandales personnels — le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, semble au contraire avoir repris du poil de la bête, au lendemain d’accusations relayées dans la presse sur des tricheries fiscales et de fausses déclarations. Il entend désormais reprendre l’initiative sur certains dossiers, les seuls manquant encore à un palmarès qu’il juge lui-même brillant.
Il a ainsi dégainé tous les projets qu’il compte faire adopter par le Parlement avant la fin de son mandat, dans un an, à commencer par les plus périlleux — notamment celui, très attendu, du Code de la famille, qui a fait couler beaucoup d’encre avant de marquer une pause. Une pause qui avait fait croire à certains observateurs que le projet avait été enterré.
Le ministre a tenu à rassurer l’opinion publique en précisant que les travaux ultimes étaient toujours en cours au sein de la commission ad hoc, en vue de finaliser une version définitive du texte. Celle-ci devrait être transmise au Roi pour approbation avant d’être soumise au Parlement, où elle « passera comme une lettre à la poste », selon ses propres mots, en raison de la méthodologie participative et du consensus ayant présidé à sa préparation — à l’exception de certains articles sensibles à l’origine des retards, qui ont suscité de légitimes interrogations.
Le défi est donc double : faire oublier ses démêlés personnels, et faire voter sans contretemps le projet de la nouvelle Moudawana dans un délai raisonnable. Il lui faudra aussi lever les obstacles pesant sur les autres dossiers en suspens. Mais avant de crier victoire, le ministre devra composer avec l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête : celle de la justice qu’il dirige… et qui pourrait bien, un jour, se retourner contre lui.