Le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, également secrétaire général du parti de l’Istiqlal, a dressé un constat sévère sur deux dossiers majeurs du gouvernement : la création d’emplois et la régulation des prix des importations d’ovins.
L’échec du gouvernement à atteindre son objectif d’emplois
Lors de son intervention dans l’émission “Nokta ila Satr” (point à la ligne) sur la chaîne Al Aoula, mardi soir, Nizar Baraka a reconnu que l’exécutif ne pourra pas atteindre l’objectif d’un million de nouveaux emplois promis dans son programme de gouvernement. « Il est difficile d’y parvenir… nous le disons en toute transparence », a-t-il admis.
S’il met en avant les efforts du gouvernement pour stimuler l’emploi, notamment via le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME), Baraka justifie cet échec par des facteurs extérieurs : « Les crises que nous avons traversées, notamment la sécheresse, ont fait perdre de nombreuses opportunités d’emploi », a-t-il expliqué.
Pour pallier cette situation, le gouvernement a augmenté la part des marchés publics accordés aux PME. « Le décret sur les marchés publics prévoyait 30 % des contrats pour les petites et moyennes entreprises, mais les gouvernements précédents n’ont jamais dépassé 20 %. Aujourd’hui, nous avons porté ce seuil à 35 %, et dans certains secteurs, nous atteignons 40 à 50 % », a-t-il précisé.
Une attaque contre les importateurs d’ovins : le soutien détourné au profit de la spéculation
Dans un autre dossier brûlant, Nizar Baraka n’a pas mâché ses mots contre les importateurs de moutons pour l’Aïd Al-Adha. Malgré une subvention publique de 500 dirhams par tête accordée aux importateurs pour assurer des prix abordables, il a dénoncé une spéculation massive.
« Ces importateurs ont profité du soutien de l’État mais ont vendu leurs moutons au prix du marché, doublant ainsi leurs marges de profit. C’est un comportement immoral, qui ne respecte pas l’esprit de l’aide publique », a-t-il fustigé.
Face à cette situation, Baraka appelle à un changement radical des pratiques économiques au Maroc :
« Nous devons passer d’une logique de profit rapide et de spéculation (‘l’hamza’) à une logique d’intégrité économique et sociale. Cela passe par un pacte éthique dans le domaine économique. »
Pourquoi le gouvernement n’a pas plafonné les prix ?
Lorsqu’on lui a demandé pourquoi l’exécutif n’avait pas imposé un prix plafond aux importateurs bénéficiant des aides publiques, Baraka a défendu la décision gouvernementale, expliquant que le plafonnement aurait nui aux éleveurs locaux qui investissent dans l’engraissement des moutons. « C’est aux importateurs, et non aux éleveurs marocains, que nous devons imposer des conditions strictes pour bénéficier de l’aide. Il faut garantir que les moutons importés soient bien mis sur le marché et vendus au bon moment », a-t-il souligné, accusant certains spéculateurs d’avoir conservé les ovins pour les vendre plus tard à un prix plus élevé.
Un satisfecit pour la décision royale
Malgré ces critiques internes, Nizar Baraka a salué la décision royale d’annuler le sacrifice de l’Aïd Al-Adha cette année. Selon lui, cette mesure a évité une flambée des prix de la viande rouge, qui auraient pu atteindre 200 dirhams le kilo. De plus, sans cette annulation, les familles auraient dû payer jusqu’à 6 000 dirhams pour un mouton.
Ainsi, à travers ses déclarations, le ministre Baraka ne se contente pas de défendre le gouvernement, mais critique ouvertement certaines décisions, notamment celles concernant la régulation du marché. Ce discours montre les tensions au sein de l’exécutif et l’urgence d’adopter une approche plus stricte pour éviter la spéculation et garantir l’efficacité des politiques publiques.