L’intention est louable, mais la réalité peut paraître incertaine. Le ministre de la Santé, Amine Tahraoui, qui compte déjà à son actif des changements majeurs dans le fonctionnement des hôpitaux après une crise profonde touchant les équipements, les infrastructures et les ressources humaines, a décidé de s’attaquer à deux autres fronts longtemps en attente : la réforme du système du médicament et les abus devenus quasi ordinaires dans les cliniques privées.
Bien que les populations soient depuis longtemps habituées aux pratiques illégales de certaines cliniques privées, souvent perçues comme évoluant au-dessus des lois, elles ont été abasourdies d’entendre le ministre affirmer, avec courage et sans détour devant les parlementaires, que les contrôles ont révélé que 80 % des établissements inspectés se livraient à des pratiques abusives.
Si de nombreux dossiers sont désormais entre les mains de la justice et si des fermetures provisoires ou définitives ont été prononcées parmi les sanctions, le ministre ne semble pas vouloir se contenter d’effets d’annonce. Il ambitionne de lancer, avant la fin de son mandat, les bases d’un changement radical de paradigme dans la gestion de ce secteur, mobilisant toute l’énergie nécessaire dans un domaine sensible où des patients vulnérables se retrouvent trop souvent livrés à eux-mêmes. Une offensive attendue avec soulagement par de nombreux citoyens.
Le second volet de cette riposte concerne le médicament. Une bataille plus délicate, en raison des intérêts en jeu, de l’implication d’investisseurs étrangers et de la complexité des circuits d’importation et de distribution. Amine Tahraoui entend toutefois s’appuyer sur la nouvelle Agence du médicament, dotée, selon lui, des moyens nécessaires pour assurer le contrôle de la qualité des produits, la traçabilité des intrants et le respect des prix de référence.
Un nouveau baroud d’honneur sur lequel les Marocains fondent de grands espoirs, dans l’attente d’un assainissement durable de ce secteur névralgique pour la santé publique.
Par Jalil Nouri
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