Vladimir Poutine a surpris jeudi en affichant un optimisme mesuré quant à la possibilité d’une issue diplomatique au bras de fer explosif entre Israël et l’Iran. Depuis Saint-Pétersbourg, le président russe a déclaré qu’une « solution pouvant convenir aux deux parties » restait envisageable, tout en soulignant la nécessité d’une « grande prudence » face à ce qu’il qualifie de « question délicate ».
Ce message intervient alors que les tensions régionales restent à leur paroxysme. Depuis l’escalade militaire déclenchée par des frappes israéliennes sur des positions iraniennes en Syrie, et les répliques directes ou indirectes de Téhéran, le spectre d’un embrasement général au Moyen-Orient hante les chancelleries du monde entier.
Poutine, en quête de stature internationale face à son isolement croissant sur la scène occidentale, a réitéré la proposition de la Russie de jouer les intermédiaires dans cette crise. Une offre formulée dès les premières heures du conflit et que le Kremlin a de nouveau mise sur la table mercredi, espérant initier un canal de dialogue entre les deux puissances ennemies.
Mais les réactions internationales ont été glaciales. Bruxelles a rejeté l’idée, soulignant que Moscou ne pouvait être un médiateur crédible, compte tenu de son implication dans le conflit ukrainien et de ses liens étroits avec l’un des protagonistes : l’Iran. Même Donald Trump, dans un style provocateur dont il a le secret, a ironisé sur la proposition : « Fais-moi une faveur, médie pour toi-même d’abord ».
Sur le fond, la Russie affirme ne pas avoir été sollicitée militairement par l’Iran. « Nos amis iraniens ne nous ont pas demandé cela », a affirmé Poutine. Toutefois, les observateurs notent que le soutien politique et technologique de Moscou à Téhéran, notamment en matière de drones et de défense antiaérienne, continue de nourrir la méfiance d’Israël et de ses alliés.
En parallèle, Poutine a insisté sur le fait que les frappes israéliennes « consolidaient le soutien populaire iranien à son régime », renforçant ainsi indirectement la stabilité intérieure du pays, tout en suggérant qu’un apaisement par la diplomatie restait possible.
Mais sur le terrain, les signaux sont moins encourageants. Des affrontements ont été signalés cette semaine au sud du Liban entre le Hezbollah – proche allié de Téhéran – et l’armée israélienne. De son côté, le guide suprême iranien Ali Khamenei a averti qu’« une réponse stratégique » était inévitable en cas d’agression directe sur le sol iranien.
Alors que les lignes diplomatiques semblent figées, la Russie cherche à se repositionner en acteur global, mais le contexte actuel, entre méfiance occidentale et réalignements régionaux, limite considérablement ses marges de manœuvre. Dans cette partie d’échecs géopolitique, Moscou peine à convaincre qu’il peut encore jouer le rôle d’arbitre impartial.
.