La mendicité bat tous les records pendant Ramadan

L’effet TikTok s’est mêlé au phénomène de la mendicité dans les villes marocaines, permettant à certains de ses utilisateurs de monnayer les vues en diffusant des images d’attroupements impressionnants de mendiants venus chercher des paniers alimentaires dans le cadre d’actions caritatives. Ils deviennent ainsi les acteurs d’un spectacle misérabiliste encore plus difficile à supporter que d’habitude.

Les bousculades succèdent aux empoignades et aux bagarres, et l’intervention des forces de l’ordre pousse à croire que la famine sévit au Maroc, que les gens y meurent de faim, dans un décor urbain saturé par la présence de mendiants de tous âges se déplaçant entre les feux rouges, au milieu de voitures allemandes luxueuses.

Les images de la pauvreté des couches défavorisées font ainsi le tour du monde, alors que ces déshérités, filmés à leur insu, n’ont rien demandé mais se confient aux micros. Dans tous les espaces publics, surtout en cette période d’achats compulsifs, les bienfaiteurs se plaisent à se filmer en pleine action caritative pour immortaliser leur élan de générosité, en contradiction avec la discrétion que leur dicte la religion.

Poussant le zèle à son paroxysme, certains vont jusqu’à se prendre en photo ou en vidéo en compagnie de mendiants, vrais ou faux, avec leurs dons bien en vue.

En cette période de Ramadan, durant laquelle la mendicité devient pour certains une occupation journalière avec des revenus importants garantis par la générosité du mois sacré, le nombre de mendiants accrochés aux vêtements des passants se multiplie par centaines, voire par milliers. Il ne faut donc guère s’étonner que TikTok en fasse un sujet de records de vues rémunérées sur le dos de la misère.

Par Jalil Nouri
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